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DE LA DISTRIBUTION DES RICHESSES.

nissent quelques produits à la consommation des contrées étrangères, étant dès-lors en état de recevoir des subsistances en échange, elles peuvent contenir une population proportionnellement bien plus forte. C’est ce qu’on voit dans plusieurs petits états dont le territoire seul ne suffirait pas à nourrir un des faubourgs de leur capitale.

La culture des prairies exigeant moins de façons que celle des champs, dans les pays d’herbages, un plus grand nombre d’habitans peuvent se consacrer aux arts industriels, ils seront donc plus multipliés dans ces pays-là que dans les pays à blé. C’est ce qui se voit dans certaines parties de la ci-devant Normandie, dans la Flandre, en Hollande.

Depuis l’invasion des barbares dans l’empire romain jusqu’au dix-septième siècle, c’est-à-dire, jusqu’à des temps où nous touchons encore, les villes ont eu un faible éclat dans tous les grands états de l’Europe. La portion de la population qu’on estime être nourrie par les cultivateurs, ne se composait pas alors principalement de manufacturiers et de négocians, mais de nobles entourés d’une suite nombreuse, de gens d’église et d’autres oisifs qui habitaient les châteaux avec leurs dépendances, les abbayes, les couvens, et fort peu dans des villes. Les produits des manufactures et du commerce se bornaient à très-peu de chose ; les manufacturiers étaient des artisans de chaumière, les négocians des porte-balles ; quelques outils fort simples, des meubles et des ustensiles imparfaits, suffisaient aux besoins de la culture et de la vie ordinaire. Trois ou quatre foires par année fournissaient des produits un peu plus recherchés, qui nous paraîtraient bien misérables ; et si l’on tirait, de loin en loin, des