Page:Say et Chailley-Bert - Nouveau dictionnaire d'économie politique, supplément.djvu/113

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pa  ;.’non3 suivant la méthode de ht cfude i/» ;it««/»s), que nous avons signalée connue étant particulière aux pays Scandinaves,

Deux tiers de la France ont gardé le système des fermes isolées  ; dans le dernier tiers elles ont été transformées en villages d’après le système teutonique. Los limiles de ces régions sont indiquées sur une nouvelle carte de M. Meit/.en. Comme les Hautes-Alpes, le Jura a conservé les fermes séparées. On trouve des villages dans les vallées du Doulis et de la Saïuie jusqu’à quelques lieues de Lyon. Les limites de la grande région des villages suivent, à partir de Dijon, la ligne de partagedes eaux entre laS.jinc et l'Yonne, passent par le confluent de ces deux cours d’eau, et par Orléans, d’où elles suivent la Loire jusqu’à Blois. De là, elles se dirigent vers le Nord sur Chàteaudun et Nogent-le-Rotrou et atteignent à Verneuil l’Eure, qu’elles suivent jusqu’à la Seine. Nous avons parlé de la zone plus étendue des villages normands et des ilôts de villages saxons et notamment visigolhs. Dans le nord, la ligne qui sépare la région des villages du territoire des fermes séparées de l’Allemat ;ne du Nord-Ouest, auquel il faut rattacher aussi une partie de laBelgique, les Pays-Bas et le Kent en Angleterre, se dirige de Boulogne sur Saint-Omer, Douai et Mons, jus’ju’a Louvain par le Dyle et jusi[u’à Maëstriclil, puis franchit la Meuse à Maaseyk et le lUiin a Kaisers- werth  ; elle suit l’ancienne frontière vers le nord des L’bii. Les noms tculoaiques des localités ne suivent pas exactement le territoire des villages  : il y en a, par exemple, deux groupes au sud de ce territoire, l’un dans le pays des Sénones, au sud de Sens et de Troyes jusqua Auxerre, et l’autre dans la Sologne et le haut Berry  ; dans ces deux groupes les conquérants ont donc trouvé et occupé des fermes séparées. Les premières tribus des conquérants ont formé des villages avec communauté des champs distribués en longues bandes, comme dans l’ancienne Allemagne proprement dite. Ainsi les Chattes, lorsqu’ils ont passé le Khin aux iv« et v« siècles, ont établi ces villages dans le pays de Trêves, dans le Palatinat et dans la Lorraine. Telle a été la forme naturelle de colonisation mise en pratique par les envahisseurs lorsqu’ils ont détruit les possessions qui existaient antérieurement à leur venue. Il est plus étonnant de la retrouver, quand, plus tard, Clodion établit les Franks Saliens, qui jusqu’alors avaient eu des fermes isolées, dans l’Artois, depuis la plaine de Flandres jusqu’au Canche et ensuite plus loin, même jusqu’à la Loire. Il faut voir la un signe de luttes véhémentes et de changements rapides.


Des auteurs allemands et belges (les auteurs français ne s’occupent pas de cette question) signalent des traces de ces grands villages avec communauté des rUuiwpslGewanndôrfer) dans toute l’Ile-de-France jusque dans les environs de Chartres et de Chàteaudun  ; mais il faut dire que dans l’Ile-de-France de tels villages ne sont toutefois qu’en minorité. La plupart des villages en France ont, plus encore que cela n’existe dans le sud de l’Allemagne, des champs de forme carrée et d’un seul tenant  ; ils fournissent une preuve que les conquérants ont gardé, au moins en partie, l’ancienne distribution gallo-romaine, et qu’ils ont, en leur qualité de maîtres, réparti la terre entre des colons qui leur étaient soumis.

Comme dans le sud-ouest de l’Allemagne au delà du limes romanits, en Caule, beau- coup de villages ont été établis par les Franks, surtout pour y fixer leurs hommes dépendants, sur les (•liam[is déjà créés par les Gallo-Romains. D’Aibois de Jubainville signale, comme forme la plus ordinaire de la propriété en Gaule, les latifundia romains, qui mesuraient le plus souvent environ 9t)U hectares  ; il en existait, en tout cas, un cer- tain nombre dans le nord de la France comme dans le sud de l’Allemagne. Ou sait que la colonisation romaine, pendant et après la dernière période de la République, s’effectuait dans un grand nombre de localités par divisions rectangulaires de 2(MJ ou de 240. ;u- gcra, o7 ou 08 hectares 2/.’3, divisées proba- blement le plus souvent entre 3 possesseurs, (entre 4 ou 8, croit-on en Angleterre). On montre les traces de cette colonisation dans la Campanic entre le Vésuve et la mer, depuis l’époque des colonies fondées par César et Galba, et aussi près de Padoue  ; et l’on croit en trouver également en France, dans le sud de l’Allemagne et même en Angleterre. En tout cas, les villages en France, à l’ouest de la Côte-d’Or, ont le plus souvent des champs de forme carrée et non des champs divisés en longues bandes.

Si l’on admettait que Seebohm ait émis une opinion juste en ce qui concerne la haute antiquité des communautés de villages en Angleterre, il faudrait admettre également que les différences qui s’observent entre la France de l’Ouest et la France de l’Est et du Centre, existaient dès la période celtique. Nous avons déjà cité l’opinion de M. d’Arbois de Jubainville, qui conclut à l’universalité chez les Celtes de la propriété appartenant, non pas à des villages, mais à la tribu, propriété qui se transforma plus tard en latifundia privés sous les Romains. Du moins, aucune théorie semblable à celle de