Page:Say et Chailley-Bert - Nouveau dictionnaire d'économie politique, supplément.djvu/135

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Rr :niT AfiuicoLK


— 121 —


CREDIT AGRICOLE


et proltahilitis. 1843. — Traité de l’encliaini’mrnt des idées fondninfntales dans les sciences et dans ihisluire. 1861. — l’rincipes de la théorie des richesses. 1803. - Considéra- tions sur la marche des idées et des événements dans les temps nwilernes. Hûmmairedes doctrines èennoynii/ues. 1877. (Nous ii’iii(lii]u<iiis pas ici tous los ouvrai ;es de (’ouraot mais sculi’rneut ceux (|iii traitviit d’écoiioiiiio [lolitiquc nu ilc qui-sliuns s’y rattachant.)

CRÉDIT AGRICOLE.

SOMMAIRE

1. Nécessité du crédit agricole.

2. Rèsunii"! historique de la création du crédit

agricole mobilier.

3. Difficultés du crédit agricole.

4. La mutualité et le crédit agricole.

5. Principes généraux  ; conclusions. Bibliographie.

1. Nécessité du crédit agricole.

Il n’y a pas deux sortes de crédit  : l’un commercial et industriel, l’autre agricole, il y a le crédit tout court, ainsi que l’affirmait M. I.éon Say au coujLîrès international d’af,’ri- culturc qui .s’est tenu à Paris, en 1889. « Le crédit ne crée pas le capital, il constitue tout simplement une organisation, une mtHliode pour mettre à la disposition des uns, l’argent qui appartient à d’autres. » On ne peut le concevoir, qu’il soit appliqué à l’agriculture ou à l’industrie, que comme une spéculation sur le taux de l’intérêt, et l’agriculteur n’a intérrt à emprunter que pour faire des opé- rations fructueuses, lui procurant un béné- fice supérieur à la charge que lui occasionne l’argent emprunté.

iMais en l’absence de toute possibilité de recourir au crédit, l’agriculteur qui n’a pas un capital de réserve solidement constitué et disponible, en est fréquemment réduit à manger son blé en herbe, à couper ses chênes en baliveaux, comme on dit, c’est-à- dire à se résigner à vendre ses récoltes à la ]iremière offre, ou même sur pied, et plus souvent à recourir à l’hypothèque. Dans un village, un épicier, un forgeron, un boulan- ger, pourra, avec quelques centaines de francs seulement, s’établir commerçant, acheter une charrette, un cheval, contre du papier négociable  ; l’agriculteur dont l’actif est bien plus considérable ne le pourra pas. Des éleveurs qui présentent toutes les conditions désirables pour avoir du crédit, qui ont besoin d’acheter du bétail d’engraissement à certaines époques de l’année pour li- revendre aune époque assez rapprochée, des cultivateurs propriétaires ou fermiers qui ont besoin d’acheter des engrais réalisables avec la récolte même, sont contraints de li- miter leurs opérations au grand détriment de la bonne utilisation des ressources dont ils pourraient faire un meilleur usage, et même de l’intérêt général sans parler du


progrès agricole. Le viticulteur qui ne peut vendre son vin ((u’après la vendange et qui futne copieusement ses vignes, n’a-t-il pas très souvent aussi besoin du crédit? il n’existe même pas pour lui d’autres sources de recettes, venant en cours d’exercice re- nouveler les fonds de son capital circulant, comme dans tant d’autres systèmes de cul- ture, la viticulture étant dans un grand nom- bre de régions uhsolument spécialisée.

Autrefois le crédit agricole n’avait pas une utilité bien reconnue. L’a  ; :iiculteur exportait SOS produits, mais il n’en importait pour ainsi dire pas. Depuis que l’agriculture s’est industrialisée, le champ s’est transformé, comme l’usine, en lieu de transformation des produits  : il faut lui faire des avances considérables en matières premières, il faut augmenter son bétail, il faut aussi disposer d’un outillage qui va sans cesse se perfec- tionnant. Le capital d’exploitation n’est plus cet élément immuable ou à peu près de la culture ancienne, c’est un agent actifvariant et se modifiant chaque jour, et le roulement des fonds, dans l’entreprise agricole modeine, n’a pas, toute mesure gardée, une moindre importance que dans l’entreprise indus- trielle. L’utilité du crédit pour notre agri- culture est indiscutable. Nous ne nous attar- derons pas à démontrer que, dans un pays vieux comme la France, où la culture, sur des terres représentant un capital élevé-, est soumise à la concurrence de pays jeunes où abonde la terre à lias prix, il n’est possi- ble d’exploiter économiquement que par des systèmes de culture des plus intensifs et qu’il faut absolument industrialiser lagricullure.

Le principe de la nécessité du crédit à l’agriculture ne peut donc faire de doute pour quiconque connaît la marche de l’exploita- tion agricole moderne.

jN’ous laissons r-videmment de côté le crédit foncier ou hypothécaire qui corres- pond au crédit réel, à la pi-opriété foncière et qui n’apporte généralement à la culture qu’un secours dangereux  ; c’est de celui-là que l’on a pu dire avec grande apparence de raison  : le crédit soutient l’agriculteur comme la corde soutient le pendu. Ce crédit, identique d’ailleurs à celui qui est fait à la propriété bâtie, présente les mêmes avan- tages et les mêmes inconvénients que ce dernier, et quoique bien organisé aujour- d’iiui, il est encore cher et dangereux pour la culture (V. Crédit foncier).

2. Résumé historique de la création du crédit agricole mobilier.

L’organisation du crédit agricole mobilier a déjà dans notre pays une longue histoire.


CREDIT