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iii  ;(ii ;i.


plus, parce que lo travail leur iiuiri(|ue  ; cette classe iriioniines dénuée de profession et dès lors triutnneurprofessionnels’appeile lajiopu- lacc (l’ohel).

La société doit empêcher av. ml hait qu’il y ait une populace. 11 y a un certain niini- iiiuin tir ressources nécessaires pour vivre dans un milieu donné. Tnut homme y adroit (!n écliauf,’!’ de son travail. Itonc il a d’altord ilroit au travail. VA le remède au paupérisme ostd’assurerdu Iravai 1 à cenx<| ni en manquent. La charité privée et l’assistance puljliijue ne sont (jue des palliatifs i|ui démoralisent, lie^iel conçoit une assislunce par le Iravail qui régénère.

Cette assistance incombe aux corporations sous le contrôle de la société. Ce ne sont pas les ressources (jui manquent, puisqu’il y a surproduction de richesses inutiles  : et ce n’est pas le travail qui fait défaut, dans un légime où il y a une classe infiniment nom- breuse de travailleurs surmenés. Le mal est que le Iravail n’est pas organisé.

L’organisation du Iravail, selon Hegel, pourrait avoir lieu par les associations de travailleurs. Ces associations seraient ou- vertes aux capitalistes qui y apporteraient leurs richesses acquises, et aux travailleurs ([ui y apporteraient leur main-d’œuvre. Le contrôle social auquel elles seraient sou- mises aurait pour but de lixer les tarifs de vente, de régler la proiluction, et surtout de distribuer équitablement les heures et les moyens de travail. La doctrine sociale de Hegel est un socialisme d’État (jui respecte la propriété privée, mais en l’empêchant d’exploiter ceux qui ne possèdent pas.

4. Théorie de lEtat. — La société ainsi organisée n’est plus lecontlit imi)lacable des intérêts individuels. Klle arepris lerôletuté- laire de la famille. Elle unit les individus, sans elTacer leur personnalité juriditiue dis- tincte, en une personnalité collective nouvelle. Sans leur rien enlever de leurs droits acquis, elle leur confère un surcroit de droits. Cette organisation qui fait la synthèse du principe de famille et du |uincipe de l’indépendance sociale s’appelle l’État.

LEtat est la liberté même  : car il réalise l’union de toutes les volontés en une volonté générale. Cette délinition exclut la possibi- lité d’une liberté anarchique. Elle exclut de même l’idée d’une absolue égalité matérielle. L’inégalité est au contraire l’état de choses naturel  : l’égalité ne saurait consister que dans l’égal respect des personnes juridiques. Toute organisation suppose, pour être con- forme à la loi de toute existence, la subordi- nation de tous les individus à un principe général, et l’incarnation de tous les principes

SL1TLÉJIE.NT.


généraux en des individus. D’uù les dillé- reuts |»ouvoirs de l’Etat et leur répartition entre les corps constitués.

L’agencement de ces i>ouvoirs porte le nom de Constitution. H ne faut donc pas entendre par là, selon l’usage parlementaire moderne, une charte (jui stipule- la participa- tion des paiticuliers aux alluires publiques. La Constitution a une exisirnce plus pro- f(jnde, invisible. Elle est la vie même d’un peui)le  ; et elle existe chez tous les peuples. Elle est U’. goiirerncmciit nljsitlu, c’est-a-dire la loi inconsciente qui domine la marche des affaires.

Les formes de la constitution iieuvent différer. La forme la plus rationnelle est la constitution qui proclame l’unité absolue des vouloirs dans un même vouloir, et incarne cette unité du vouloir total en un imlividu unique. C’est la constitution monarchique. Mais le monarque symbolise seulement le pouvoir total de l’État. Il y a lieu de repré- senter en outre  : 1" le vouloir général  ; 2° les volontés particulières. Le vouloir général s’appelle la loi. Le pouvoir qui la fixe abstraitement et la porte à la connais- sance de tous s’appelle lé(jislutif. Hegel semble l’avoir réservé à une haute ciiambre compo- sée de fonctionnaires ou de nobles. Mais il faut faire rentrer les volontés particulières dans cette loi générale, par voie de déduc- tion. Cette besogne est faite idéalement par l’niUoritc judiciaire, et réellement par le pou- voir administratif. Ainsi est justiliée aux yeux de la raison la Ihéorie des trois pouvoirs, empruntée par Montesquieu à la constitution anglaise. Mais il n’est pas exact de les consi- dérer comme séparés. Leur division est sim- plement logique  : et il faudrait parler plutôt de leur coopération nécessaire et de leur union organitjue.

Le gouvernement, avec les trois pouvoirs qu’il a sous ses ordres, a en face de lui les volontés particulières, qui ont aussi une part aux alVaires publiques, du moins dans une constitution rationnelle. Toutefois la participation des particuliers ne saurait être individuelle. L’État livré à un simple agrégat d’individus, au ptuple, se désorganiserait  : le peuple ne doit pas gouverner, mais être gouverné. La part de chacun aux affaires publiques est déterminée par son utilité sociale, c’est-à-dire par sa place dans une corporation. Les corporations seules ont donc à jouer un rôle constitutionnel. Elles élisent V.isscmblée des États. Cette Assemblée est consultée par le gouvernement pour le budget public annuel. Mais elle n’a pas le pouvoir de refuser ce budget. Son rôle est de faire connaître au gouvernement les intérêts

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HEGEL