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MEM’

senior, dans cet article, l’examen détaillé ot approfondi. Nous nous contenterons d’indi- quer les solutions principales ([u’ils nous paraissent comporter, au point de vue de l’économie politique et h formuler quel- ques-uns des dcsidcnttd qu’il conviendrait, à ce même point de vue, d’essayer de réaliser.

En principe, le placement par l’intermé- diaire dos bureaux doit être libre, commo le placement sous une forme quelconque. Nous no saurions admettre rétablissement d’un mono[)ole du placement au prolit de qui que ce soit. Oirilappartinl aux bureaux auto- risés, aux syndicats ouvriers ou aux municipa- lités, le monopole serait également détestable.

La suppression souvent réclamée des bu- reaux actuellement existants ne serait pas seulement une mesure contraire à la liberté du travail et au droit de propriété individuelle. Ce serait une mesure absurde, qui se retour- nerait contre ceux au prollt desquels elle est demandée. Les chilTres que nous citerons dans un instant suflisent à le démontrer.

Mais si le i)lacement, en général, et si, en particulier, l’industrie des bureaux de pla- cement doivent être libres, cela n’exclut point une certaine surveillance et une cer- taine réglementation. Les prescriptions es- sentielles du décret du ’25 mars 1852 dans lesquelles on ne saurait apercevoir rien qui ressemble à la création d’un monopole quel- conque, ne nous semblent pas dépasser la mesure d’une sage et nécessaire réglemen- tation. Il suffirait, pour les rendre parfai- tement acceptables, d’y apporter quelques légères modifications et additions. C’est ainsi qu’il y aurait lieu, suivant nous, d’interdire, comme cela est fait à Paris et à Lyon, aux bureaux de placement de tenir un cabaret ou un débit de boisson. On devrait aussi renforcer la surveillance et les liénalités à l’endroit de l’exploitation scan- daleuse à laquelle se livrent souvent cer- taines agences clandestines.

De même que le principe de la liberté du Itlacement n’est point en contradiction avec une certaine réglementation, il ne saurait faire obstacle à ce que l’État, venant simple- ment en aide à l’initiative privée, essayât d’encourager certaines institutions de na- ture à faciliter le placement et à en améliorer les conditions. Au premier rang décos insti- tutions, nous plaçons les bourses du travail. C’est par les bourses du travail, naturelle- mont complétées par de puissants organes de publicité, (lue le marché du travail pourra tondre à s’universaliser, comme le marché des capitaux ou comme celui de certaines denrées, telles que les céréales, la laine et le colon. C"est par elles que l’olTre et la demande


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du travail, au lieu de rester locales, comme tdius le sont trop encore aujourd’hui, pour- ront s’éti ndre à tout un pays et même à des pays dilTéreiits, comme l’olTre et la demande des capitaux et que tous les bras offerts auront toujours le maximum de chance de trouver leur em[)loi ’.

5. statistique du placement.

On peut dire, sans la moindre e\agéralion, qu’avant IH’f.i la statistique du jtlacement n’existait pas en France. Elle est loin d’être comiilf’te, assurément, même après l’enquête de l’Office du travail et la publication des résultats de cette enquête. Elle ne le sera peut-être jamais. Mais elle existe et les chiffres qu’elle contient sont assez nombreux et assez sûrs pour fournir soit au savant, soit au politique et au législateur des maté- riaux d’une grande valeur. L’Office du tra- vail fait d’ailleurs les plus louables efforts pour la tenir à jour et la perfectionner, dans son excellente publication mensuelle inti- tulée Bulletin de l’Office du travail. Ce Bul- letin pourrait devenir un jour non seule- ment la source de la statistique du placement mais l’un de ces organes de publicité que M. de Molinari réclamait dès 1840, en vue de créer le marché du travail.

Il est à peu près impossible, on le com- prend sans peine, de réunir des renseigne- ments utiles sur le placement direct et même sur le placement par un certain nombre d’intermédiaires, tels que les fournisseurs et les aubergistes. C’est dire qu’un très grand nombre de cas de placement, — le plus grand peut-être, — échappera toujours sous le régime de la liberté du travail, aux investigations de la statistique.

C’est uniquement sur le placement par les bureaux autorisés, par les syndicats, par les bureaux municipaux, par les institutions philanthropiques, les sociétés de secours mutuels et les sociétés de compagnons que l’Office du travail a pu réunir et nous donner des chiffres assez abondants.

Le nombre des bureaux autorisés était, en 1891, en France et en Algérie, de 1374. Sur ce nombre, 994 seulement ont répondu au questionnaire envoyé par l’Office du travail. Ces 994 bureaux s’attribuaient une valeur de 133 000 francs. Voici le bilan de leurs opérations en 1891  :

Demandes d’emploi 2 . 49> . ÛT’J

Offres dcmploi 938. Ï37

Hlaooinent<i à demeure 459.4.59

Placemetils à la jouro(-e 361 .991

1. On trouvera sur ce point les développements les plus intC-ressants dans l’eicellent livre de M. de ilolinari, Les

bourses du fmtnH, 1S9,’i p. ’1,5. lO."!.


PLACEiMENT —