Page:Say et Chailley-Bert - Nouveau dictionnaire d'économie politique, supplément.djvu/243

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

l KALKS (CLASSHS)


22î)


Ml KAI.KS (CLASSES)


se rciuli’iitau T/u’nf/ (cour de justice otasscm- Mi’o li’ffislativc)  ; mais, d’autre part, ils n’ont aucun pctuvoir exinuilil"  ; aux i)arlios oUos- mùmes incombe le soin d’exécuter les juge- ments  ; et cette anarchie perd cnlin cette réiiuldique si rcmar(iiial)le. Dans les trois pays Scandinaves eux-mêmes, l’introduction des principes féodaux n’a cependant jamais été complète  ; il y en a tout au plus des traces et des ébauches. D’un autre côté, la propriété est restée plus nettement délimitée dans le Midi où le vrai droit romain se conserve plus pur, et où le développement est aussi, sans doute, influencé par la nécessité de la culture, et où le climat favorise naturellement la petite propriété. Déjà, en France, le Midi est dit mater alleiiorum. Dans les royaumes carolingiens, aussi, on s’oppose à tout le nouveau régime  ; en Allemagne, on continue même l’opposition contre tout impôt direct justju’au dernier siècle, et le développement général du pays, avec sa carte si bigarrée de pouvoirs territoriaux, a été une conséquence de cette opposition. Déjà sous les Carolin- giens, on arrive cependant à un tel dévelop- pement de l’idée féodale, qu’il y a partout des seigneurs ayant des devoirs publics et des droits privés, et que l’on peut énoncer le principe qu’il n’y a nulle terre sans seigneur.

Prenons comme exemple la situation de l’Angleterre telle que nous la trouvons lors de la coniiuète normande dans le grand recensement de Guillaume le Conquérant ou le Domesday Hook de 1086. Nous savons que l’état social était très aristocratique déjà sous les Anglo-Saxons. Nous entendons parler à cette époque de deux classes, les grands pro- priétaires ou les eorls, et les paysans, les ccorls, (c’est le même mot que Karl dans le Nord, que Kcrl en Allemagne, l’homme armé), appelés aussi friluils, cou libre  ; mais nous entendons parler aussi de deux classes exis- tant sur les grandes propriétés, les geneats, (même mot que le Knecht allemand), qui paraissent être taillables et corvéables à merci, entièrement dépendants, dont les plus grands sont appelés casarit, les plus polits cotsctle, et les  ;/t’^j/?"s, paysans posses- seurs d’une ferme ordinaire et jouissant il’un meilleur droit. A cette époque, après la con- quête par les Normands français, en 108G, la population de la campagne est composée de 1400 chefs féodaux et de 7871 suhf’eiida- taires, de 13 700 hommes rendant seulement des services militaires aux seigneurs, de

 ;î0 831 hommes libres payant des redevances 

fixes ou rendant certains services déterminés, ce qui fait un total de 53 802 hommes libres. Parmi les hommes personnellement dépen-


dants, nous trou vous 11 0000 ui/Zan/’, 82 000 6o/’- ’larii, et 7000 cottarii, et enfin 2 ;jOOO servi. .Mais, ce (jui est très curieux, c’est la diffé- rence entre les diverses régions du pays. Dans les provinces de l’Kst.en grande partie colonisées par les Normands danois dans la dernière moitié du ix’- siècle, il n’y a {jresque pas de serfs, mais il y a des classes parti- culières de petits possesseurs libres, tels que les soclicmanni, comme on les appelle dans certains districts, qui atteignent parfois un tiers environ de la population. C’est dans les provinces anglo-saxonnes qu’il y a le plus do lilleins. Dans les districts conquis les derniers sur les (laids par les Anglo-Saxons, il y a particulièrement un nombre considérable de serfs. Si l’on divise le pays en deux moitiés, on trouve, à l’est, les deux tiers des terres entre les mains des plus grands paysans, tandis qu’à l’ouest, au contraire, les deux tiers des terres sont entre les mains des cotta- rii et des servi, un tiers seulement étant entre celles des paysans qui sont ici surtout des villani. Plus tard, d’après le Boldon Book, par exemple (1183), ou les Hundred Rolls, sous Edouard I’^’", on parle du burriman, au lieu de l’ancien gebur, et du niet ou neat, au lieu du geneat ou vitlanus. On distingue les villeins en çjros, c’est-à-dire ceux qui étaient dans une dépendance personnelle, « serfs de corps » en France, la minorité, et les villeins regardant, constituant la partie plus consi- dérable, <( serfs de mainmorte » en France, qui appartenaient à la terre, et qui arri- vèrent bientôt à payer en argent au lieu de payer en travail, devenant ainsi tenanciers héréditaires. Voyez sur leur situation les dis- cussions entre Vinogradof, Ashley, Leadam et autres. Parfois, on parle des bondi ou des bondemen, par exemple, dans le poème du moyen âge Piers the Ploughman, ce qui est probablement un nom introduit par les Danois. Delisle trouve à peu près les mêmes classes en Normandie, les vavasseurs, hommes libres, et les dépendants, bordarii et cottarii. Les Lowlands d’Ecosse avaient la même population que l’Angleterre, c’est-à-dire des Anglo-Saxons, des Danois conquérants et des Normands français qui y pénétrèrent comme administrateurs et seigneurs. On trouve là aussi des classes similaires  : libère tcnentes, qui sont possesseurs tout en ren- dant certains services publics  ; firmarii ou hii^bandi, husbondemen, payant en argent ou en nature  ; bondi, attachés à la terre  ; et nutivi, nés en dépendance. Nous donnons ces exem- ples pour montrer la différence des classes, qui se développe de bonne heure. Mais on ne peut nullement regarder toute la masse de cultivateurs comme dépendants, avec See-


RURALES (