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On rencontre continuellement, dans les montagnes du Sud et du Centre et sur les cùli ;s ni ;irécageuses du Nord, de grandes fermes doubles, dans la période de colonisation, dès le i.\’", mais surtout du xi’^ au xiv siècle, Koiiit/sliufc [M-iiOhac.lures), parce que c’est la mesure des donations royales di’-jù, à partir du vin" siècle mesurée par iii’(/a rcfjalin à i.H mètres, ou moitié plus que la virga ordinaire  ; Mar^cliliufc, dans les marécages du Nord  ; Hayi’nhiifc, d’après leurs longs enclos, ot Wdldfiufe, ferme de forêt (30-40 hectares"  ; ferme néerlandaise, ferme westphalienne, flamande, franconienne, d’aprèsla nationalité des colons, etc. M. Meitzen regarde lo-20 hectares comme la moyenne pour les plus grandes fermes à l’est de l’Elbe et la transformation de l’ancien sol slave en fermes allemandes. (V. COLONISATIO.N ANCIK.NNE EN VILLAC.F.S OU EN KERMES SÉPARÉES.)

Si l’on suppose que les anciennes centaines formées à l’époque de l’établissement des peuples teutoniques comprenaient 1 20 fermes, ce nombre, dès que le bol est connu en Danemark et le hcinman en Suède, est au moins doublé dans chaque centaine ou herred, et l’on trouve que leur superficie en terres utilisées d’une manière quelconque par la culture est à peu près la même que celle qui est indiquée comme étant la plus ordinaire en Angleterre pour le /ij/de, soit 120 acres. Les anciens manses des nations teutoniques, en France, avaient probablement la même importance économique. Aux États-Unis, les colons prennent le plus ordinairement possession de fermes de 160 acres, c’est-à-dire, le quart d’une « section » de terre  ; et, si l’on tient compte aussi des fermes de moindre étendue, on arrive, là encore, à une moyenne de 120 acres, dont, au commencement, une petite partie est seule cultivée. Meitzen estime que chez les anciens Teutons, une moyenne de 7 hectares de terre était, par famille, nécessaire à la culture du grain, et que le reste était employé pour le pâturage. Plus tard, lorsque le défrichement fut devenu plus actif, on put diviser les fermes sans rien diminuer de leur valeur. Cependant, lorsque tout fut défriché, elles mesuraient le plus souvent plutôt le double de 7 hectares.

Les anciennes fermes normales se trouvent conservées d’une manière très différente selon les divers pays. Dans une certaine mesure, il a été plus facile de pratiquer des morcellements, là où — et c’est le cas le plus ordinaire — il y avait communauté du village, et où il suflisait de séparer les nombreuses pièces distribuées dans les champs communs  ; le morcellement a été moins facile là où existaient des fermes constituant chacune un ensemble distinct. Là où les parcelles éparses des anciennes communautés ont été consolidées, comme en Danemark, par exemple, à la fin du dernier siècle, des fermes paysannes normales sont sorties du système de village  ; et ce n’est que dans les temps modernes, alors que beaucoup de paysans ont obtenu le droit de propriété, brusquement et sans efforts de \v.\iv part, que les fermes ont été morcelées. Sur le Rhin, où sont développées la viticulture et d’autres cultures spéciales. M. Lamprecht trouve que l’ancien système était effacé, en grande partie, dès le xii« siècle, et que, dans le xv*, l’étendue ordinaire des fermes n’était plus que le quart de ce qu’elle était à l’origine. Aujourd’hui la propriété est très morcelée dans tout le territoire de droit franconien, où existait aussi partout le système du village à champs communs. Elle l’est moins, d’ailleurs, dans le duché de Bade elle Wurtemberg et même en partie, en Bavière et en Saxe. Pour la Normandie du moyen âge, M. Léopold Delislc note la distinction qu’il faut établir entre les « pleins paysans », les « demi-paysans » et ceux qui possèdent des terres encore plus restreintes. Dans toute la France, malgré le droit romain et la coutume des héritages, on trouva lors de l’enquête de 1881 et 1882, que l’on exploitait beaucoup plus de fermes de l’ancienne étendue normale que ne l’avaient supposé la plupart des auteurs. En Russie même, ce n’est que le mir, introduit avec le servage, du xvi* au xvni’^ siècle, qui a détruit l’ancienne ferme. Avant d’en arriver à la communauté avec partage égal, il y a eu, là aussi, les fermes entières, les demi-fermes, etc. Dans l’ancien temps, d’après les poèmes héroïques, par exemple, le paysan est kmet, « homme »  ; au pluriel, on emploie aussi le mot Ijodi (liti), que l’on retrouve sous diverses formes, dans d’autres langues (Leute),pour signifier « gens » ou semane, hommes du pays  ; on emploie également smerd, c’est-à-dire « sales »  ; il a reçu, depuis le temps de la domination mongole, le nom qu’il conserve, encore, de kres- tianine, « chrétien »  ; ce n’est qu’avec le servage qu’il devient moujik, « corps ». La condition des terres suit celle des personnes.

6. Grandes propriétés.

Les grandes propriétés se développent avec les différentes classes de la société et suivent le mouvement de la civilisation au moyen âge, d’abord celles de l’Église et des rois, et bientôt celles des nobles. Lamprecht ne les trouve pas seulement dans la Gaule et dans d’autres pays romains de latifundia  ; elles existent partout, même dans l’Allemagne, dès la première moitié du vii° siècle,