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CHEMINS DE FER


alimenter leurs caisses de retraites et de secours ont été notablement augmentés. Sous l’influence de ces difTérentes causes, les frais d’exploitation ont passé, de o38 millions en 1880, à 600 millions en 1890 et à 700 mil- lions en 1895. Par suite, le produit net, en sus de ces frais, qui était de Ii23 millions en 1880, ne s’est élevé qu’à 048 millions en 1890 et à o63 en 1895. 11 en résuite qu’avec un produit brut moyen de 34900 francs par kilomètre, le réseau d’intérêt général n’a plus en moyenne qu’un revenu net kilomé- trique de lo 500 francs, tandis qu’en 1880 le kilomètre exploité rapportait en moyenne 45 900 de produit brut et •22 600 francs de recette nette.

4. Résultats de l’abaissement des tarifs de voya- geurs.

On sait que les deux principaux éléments de recettes sont, pour les chemins de fer, le transport des personnes et celui des marchan- dises. Une réforme qui a été eiTectuée en 1892, par application des conventions de 1883, a donné une vive impulsion à la circu- lation des voyageurs. Les conventions avaient stipulé que, dans le cas où lÉtat supprime- rait la surtaxe du dixième dont les billets étaient frappés depuis 1871, les compagnies devraient réduire le prix des mêmes billets de 10 p. 100 pour la deuxième classe et de 20 p. 100 pour la troisième. Le législateur ayant prononcé la suppression de la surtaxe à partir du l’^’" avril 1892, les compagnies consentirent de leur côté les abaissements de tarif qui leur incombaient. Il en est résulté que la réduction dont ont bénéficié les voyageurs a représenté 9 p. 100 pour la pre- mière classe, 18 p. 100 pour la seconde et 27 p. 100 pour la troisième. Les auteurs de la réforme espéraient que ces abaissements de prix auraient pour conséquence de multiplier les voyages en chemins de fer, dans une proportion telle que la perte occa- sionnée par la réduction des tarifs se trouve- rait, en grande partie, compensée. Les faits ont répondu à leur attente. Dès la première année, une augmentation de 32 miUions de voyageurs s’est produite sur les réseaux des six grandes compagnies et de l’État, et la recette brute des billets de voyageurs a donné une plus-value de 4 millions de francs. En 1893, nouvelle augmentation de 34 mil- lions de voyageurs, et nouvelle plus-value de lo millions. En 1894, le mouvement des voyageurs a encore progressé de 19 millions et leur recette de 14 millions de francs. Le nombre des voyageurs transportés par les trains des six grandes compagnies et de l’État a atteint cette même année 333 millions  ; il


n’avait pas dépassé 250 millions en 1891, dernière année où ont été appliqués les anciens tarifs. Mais il faut remarquer que, si on trois ans la circulation s’est accrue de <s5 millions de voyageurs, soit 35 p. 100, la recette brute provenant de leur transport n’a augmenté que de 42 millions, soit à peu près 10 p. 100, car en 1891 elle était déjà de 354 millions et ne s’est élevée en 1894 qu’à 396 millions. Ce simple rapprochement suffit pour montrer que si la réforme des tarifs a été très avantageuse pour le public, elle Ta été fort peu pour les compagnies de chemins de fer. Elle a, en effet, entraîné le renchéris- sement de leurs frais d’exploitation, en néces- sitant Taugmentation du personnel, la com- mande de nombreuses locomotives et voitures, de plus lourdes réparations tant de la voie que du matériel, enfin la mise en marche de trains plus fréquents. Au surplus, quelles sont les catégories de voyageurs dont la circulation a le plus progressé ? Elles com- prennent les voyageurs à petit parcours et ceux de troisième classe. Il en résulte que le trajet moyen et le produit moyen par voya- geur se sont affaiblis, et on s’explique ainsi qu’un transport supplémentaire de 85 millions de voyageurs n’ait accru la recette brute que de 42 millions de francs.

5. Résultats de la diminution des tarifs de trans- port en grande vitesse.

En ce qui concerne les marchandises, il y a lieu de distinguer entre les transports en grande et en petite vitesse. En 1892, l’État a supprimé l’impôt de 28 p. 100 que les pre- miers avaient antérieurement à supporter. De leur côté, les compagnies, afin de favoriser lesexpéditions engrande vitesse des marchan- dises, denrées et bestiaux, ont abaissé leurs tarifs de 38 p. 100 en moyenne. Ces mesures ont eu pour résultat un notable essor du ser- vice de la messagerie. Son produit brut a progressé, dès 1892, de 3 millions de francs, en 1893 de 11 millions, et en 1894 de près de 6 millions. Bref, en trois ans la plus-value n’a pas été moindre de 22 millions, soit de plus de 20 p. 100. Il est vrai que la messa- gerie se développe en partie au détriment du service de la petite vitesse, beaucoup de cul- tivateurs et de commerçants employant la grande vitesse depuis que les tarifs ont été diminués.

6. Recettes des transports en petite vitesse.

Quant au transport des marchandises en petite vitesse, les Compagnies se sont effor- cées de le faciliter en adoptant, depuis 1883, de nouvelles classifications, en simplifiant leurs tarifs et en abaissant de nombreuses


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