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MONÉTAIRE


80 — CIRCULATION MONÉTAIRE


par sir Francis Baiiiig et Henry Thorntou, très savamment parce dernier. Lord King, qui prit aussi part à la discussion, prouva la dé- préciation du papier, en concluant avec ses fermiers des contrats exécutables en or  ; dans le célèbre Butlion Cominittee’s Report de 1810, des hommes comme Horner, Huskis- son et Thornton constatent la dépx’ession des billets et demandent qu’on en diminue la quantité, mais ils ne sont pas soutenus par la majorité du Parlement. Ce n’est qu’en 1810 que celui-ci arrive à comprendre la vérité, et qu’on décide de rendre de nouveau les billets convertibles à partir de 18-2-2.

Plus que tous, David Ricardo contribue à ce résultat par sa polémique contre MM. Van- sittart, Bosanquet et d’autres, de 1809 à 1819. Il soutient que toute modification du change au-dessus du point où il est avantageux d’exporter l’or est identique a une déprécia- tion. Voyez spécialement  : The High Price of Bullion a Proof of the Dépréciation oftheBank- notes, 1811. Parmi ceux qui penchaient de l’autre côté, Malthus prit aussi part à la discussion, en corrigeant quelques expres- sions trop abstraites de Ricardo.

Ricardo, complètement victorieux sur les points essentiels, s"était, comme il le faisait d’ordinaire, exprimé d’une manière si abs- traite qu’il pouvait facilement être mal com- pris. Aussi le plan développé par lui et par d’autres, et qui amena à diviser la Banque en deux sections séparées, dont l’une, celle d’émission, devait, pour émettre des billets au delà de la masse supposée toujours néces- saire, se régler exactement sur l’état de la réserve d’or, était-il entièrement arbitraire. Mais, en tout cas, c’était une application erronée de ce que disait Ricardo sur les billets inconvertibles , quand, plus tard, Samuel Jones Loyd (Lord Overstone), G. W. Norman, le colonel Torrens et d’autres demandaient que les billets émis au-dessus du minimum toujours nécessaire fussent tou- jours représentés par une réserve équiva- lente, en métal précieux  : sinon, disaient-ils, l’émission créerait une augmentation du niveau général des prix, une spéculation excessive et des crises, tandis que, d’autre part, l’obligation de couvrir les billets par du métal obligerait la Banque à modifier son taux d’escompte, et, par là, à restreindre, ou à augmenter la circulation d’après l’afflux ou l’eftlux du métal. C’est sur cette docti’ine, dite de circulation , Currençy theort/, que furent basés les Bank-acts de sir Robert Peel, 1844-43, et, outre cet homme d’Etat et le chan- celier du trésor, M. Goiilburn, des hommes, comme sirCharlesWood, sir George Cornwall Lewis et même Cobden, en étaient partisans.


La théorie fut réfutée par quelques-uns (les meilleurs économistes d’Angleterre  : Fullarton  : On Currcncy and Banking, 2<= édi- tion 1843, et Régulation of Currencics, 2« édi- tion 1843  ; James Wilson  : Capital, Currençy and Banking, 1847  ; Thomas Tooke and New- march, History of Priées, 1823-18o6 (Tooke est l’auteur de la célèbre pétition au Parlement par laquelle les commerçants de Londres ont commencé la lutte pour la liberté commer- ciale  ;. Ils prouvèrent qu’il était désirable et nécessaire de rendre élastique la circulation de billets, puisque leur demande varie avec les nécessités des périodes de l’année, l’expan- sion ou ralentissement du commerce, etc. Non seulement, dirent-ils, les monnaies agissent dans la circulation  ; elles forment aussi sou- ventdes réserves, /ioards (Fullarton), quel fait, en tant que coutume privée, exerce aujour- d’hui plutôt une influence considérable dans des pays tels que les Indes et la Chine  ; elles n’agissent donc pas et ne doivent pas agir seulement par leur quantité. Les banques ne peuvent même augmenter artificiellement leur circulation  ; celle-ci, au contraire, comme le prouve également l’expérience, suit les mouvements du commerce plutôt qu’elle ne les crée. Il y a spécialement cette difîérence principale entre les billets de lianque et le papier-monnaie des gouver- nements, que celui-ci est créé arbitraire- ment, tandis que les billets des banques sont émis d’après les demandes du commerce, par l’escompte ou par les dépôts, et qu’ils reviennent aussi régulièrement par les éché- ances du papier commercial (J. Wilson). En ce qui concerne la trop grande spéculation qui conduit aux crises, le crédit en compte- courant augmente plus et a plus d’influence que les billets (Tooke)  ; quand la quantité des billets est diminuée par les banques, ces billets sont simplement remplacés par de l’argent qui est pris dans les comptes-cou- rants ou dansles dépôts, et par un plus grand nombre de grands billets de commerce (New- march). Tous ces auteurs, la Banking School, comme on lesappelle, voulaient, au contraire, que les banques agissent librement, suivant le change et d’autres indications, d’après les circonstances, sans être astreintes à ne pas dépasser leur réserve en or. Ils furent appuyés sur les points essentiels par des auteurs, tels que D. \V. Gilbart, ancien directeur de la Banque d’Angleterre  : A Practical Treatise on Banking, ouvrage qui a eu un grand nombre d’éditions  ; Stuart Mill  ; Travers Twiss  ; H. D. Macleod  ; levons  ; Bonaray Price  : Currençy and Banking, iSlô  ; en France, Michel Chevalier et Joseph Garnier (contre Wolowski), ainsi que la plupart des autorités financières qui


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