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MONÉTAIRK — SiJ — ClKCl LA I ION MONÉTAIRE


ils ne tiennent pas assez compte des lois des crises de M. Clément Ju^lar.

La réforme de la circulation tiduciaire par une autre législation pour les banques na- tionales d’émissions et peut-être jiar le re- trait des billets d’Etat, réforme qui donne- rail plus d’élasticité à la monnaie circulant, a été le sujet d’une intéressante discussion, dans les années 1894 et 1895, qui touche aussi à la théorie de quantité. Voyez pour celle-ci les revues économiques américaines et notamment les Anwtls of ihe American Aca- licmi/ of l’olUical and Eronomic Sriencc, Phila- delphie, un nombre d’auteurs et un nombre de plans différents  : M. Horace White, M. 11. \V. Williams, M. Walker (m. du Congrès et banquier), M. Michael D. Harter(m. cîu Con- grès et banquier de l’Ohio, économiste de mérite, suicidé en 1893) et, parmi les plans, celui dit de Baltimore, adopté par les asso- ciations des banquiers américains  ; celui de .M. Eckels, contrôleur de la circulation, et celui de M. Carlisle, ministre des Finances. On met particulièrement en lumière le meil- leur système du Canada, avec plus de liberté, sans qu’on exige un dépôt équivalent des obligations gouvernementales, et avec la per- mission de former des succursales comme en Ecosse.

Une intéressante discussion a de même eu lieu, ces dernières années, dans les revues économiques américaines, notamment dans le Journal of Polit ical Economy de Chicago, sur la relation entre la masse des transactions et la quantité de monnaie. Parmi les faits cités, les plus intéressants sont ceux-ci que, de 1860 à 1891, les produits à échanger de l’agriculture ont doublé en masse, ceux de l’industrie, quintuplé. Les produits cepen- dant passent maintenant par un moins grand nombre d’intermédiaires  ; c’est une cause de diminution des transactions. Les moyens de circulation ont cependant aug- menté encore plus que la masse des produits, ceux de crédits, qui sont indiqués par les dé- pôts de banque, de onze fois  ; la monnaie de trois fois et demie. Tout de même les prix ont, dans cette période, baissé de 7, 8 p. 100 au lieu de monter (M"" le D’’ Mac Lean Hardy dans le Journal de mars 1895). V. comme réfutation des adhérents américains à la théo- rie de quantité, un article de M. H. Parker Willis, dans le Journal, sept. 1896.

La réfutation de cette doctrine de la quan- tité est cependant appliquée d’une manière erronée dans les pays à monnaie dépré- ciée, lorsqu’on refuse de limiter la circula- tion de cette monnaie par une restriction directe ou par le taux de l’escompte. On pré- tend continuellement que l’agio de l’or ^com-


paré à la monnaie dépréciée) est dû à des circonstances extérieures, résultant du mar- ché monétaire, du bilan du commerce ou même à des opérations artificielles des bour- siers. C’est ce que l’on a fait en Autriche- Hongrie, en Russie, en Grèce, en Italie, dans l’Argentine, et probablement dans tous les jiays à mauvaise monnaie. Dans cette situa- tion, créée par la dépréciation de la monnaie, l’argumentation de Ricardo, de lord King, de la Commission dans son Bidlion Report reste entière  : d’après les circonstances, l’olîVe de cette monnaie est trop grande, sa valeur trop basse  ; il faut l’élever au pair avec l’étalon universel. Dans beaucoup de pays, on voit aussi l’agio surgir comme une con- séquence directe d’une plus grande émis- sion, par exemple, en Espagne où le gou- vernement a utilisé l’émission de la Banque, en Portugal, en Italie, au Brésil. Mais il est parfaitement vrai que d’autres éléments exercent aussi une grande influence.

En dehors de la situation commerciale,ragio est aussi souvent une conséquence de l’état du crédit. On voit continuellement la valeur du rouble, de la monnaie italienne, du dollar argentin, des monnaies de tous ces États, varier avec tout ce qui influence leur crédit. Lorsque le crédit souffre, on craint de garder la monnaie qui n’a pas un cours universel, on se hâte de s’en débarrasser, tandis que la confiance amène aussi l’expansion des affaires, qui demande plus de moyens de cir- culation  ; les spéculateurs le savent et escomp- tent d’avance, a^ec raison, cette expectative. Il est vrai aussi que l’agio lui-même contribue beaucoup à détruire le crédit et, en consé- quence, à s’accroître lui-même. C’est une des difficultés de la monnaie dépréciée et l’une des raisons qui font qu’il est si important de ne pas hésiter à en sortir. En introduisant l’étalon universel, on augmente, au lieu de la dimi- nuer, la faculté du pays d’absorber la mon- naie fiduciaire. Voyez, sur la situation des divers pays sous ce rapport, le Monde écono- mique de 1893 à 1896.

9. L’or comme étalon.

La valeur de la monnaie est, pour de longues périodes, déterminée par le coût de production du métal étalon. En consé- quence de sa puissance de durée et, avec cela, de la petite proportion de la production annuelle comparéeà toute la masse, celle-ci, qui représente l’offre, et, d’autre côté, la demande, qui résulte de l’état des affaires, exercent ici une influence particulière. La po- litique monétaire est importante, mais plus encore celle qui concerne l’émissiondes billets que celle qui regarde la monnaie métallique


CIRCULATION