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MONÉTAIRE — 8-i


CIRCULATION MONÉTAIRE


(voyez la situation pendant et après la guerre franco-allemande et notamment la diminu- tion de la circulation tiduciaire après la guerrej.

Comme étalon il n’y a rien de comparable à celui qui est à présent l’étalon du monde, du commerce international, lor, et aucune des propositions qui sont faites pour le remplacer par un autre étalon, supposé plus stable, ne mérite l’attention.

L*argent a beaucoup varié depuis 1888  ; la production, par suite des progrès des mé- thodes minières, a considérablement aug- menté et l’on pense que le coût de produc- tion baissera davantage encore dans l’avenir. Les grands États ne se peuvent entendre sur un étalon composé (le bimétallisme) , et le pourraient-ils, il n’est pas certain, dans les conditions actuelles de la production, qu’il soit possible, pour ces États, de le conserver. Et, même, si l’on adoptait le rapport qui existe entre la valeur de deux métaux d’après le prix et le coût actuel de production, il n’est pas encore certain, à cause des pro- grès si rapides de l’industrie minière, que ces conditions ne soient pas bientôt totale- ment changées. Il n’est pas probable que l’emploi de l’argent, comme métal d’étalon, ajouterait réellement une quantité considé- rable à la masse du métal monétaire et, par là, à la circulation qui détermine la demande des marchandises et des services. S"il est question d’une longue période, la valeur du métal, et la quantité qui en venait sur le marché, dépendra entièrement du coût de production et, sous ce rapport, le double étalon n’exerce aucune influence. Ce qui importe, c’est la stabilité momentanée de l’étalon  ; la masse des transactions et même la masse des dettes ne sont pas à longues échéances. Quant aux longues transactions et aux dettes à long terme, il est certainement utile que la valeur de l’étalon soit aussi stable pour de longues périodes. Si l’on suppose que la production des métaux de- vienne plus facile et plus abondante, l’étalon double, avec le choix entre les deux métaux pour la libération de ce qui est dû, augmente la probabilité d’instabilité. Si, d’autre part, l’on suppose que le coût de production augmente, c’est, au contraire, une garantie contre la variation. Il y a, en tous cas, avan- tage pour les débiteurs à pouvoir choisir. Mais c’est aussi une option pour laquelle ils auront probablement à payer quelque chose aux créanciers, comme cela se fait tou- jourspour le droit commercial d’option. D’un autre côté, le crédit ne peut que gagner à ne pas avoir à craindre une telle option. Quoi qu’il en soit, nous admettons qu’il y a avan-


tage à ce que la valeur de l’étalon varie aussi peu que possible dans les longues pé- riodes.

La plus grande objection contre l’or comme étalon est en effet aussi tirée de la hausse de sa valeur, que l’on suppose avoir eu lieu après l’abolition dans beaucoup de pays de l’étalon d’argent ou de l’étalon double depuis 1871. On a écarté l’argent parce qu’on n’y avait plus de confiance comme étalon et, spécialement, parce qu’on savait, d’après les dernières con- férences monétaires, qu’il ne pouvait devenir l’étalon universel  ; il était clair que l’argent ne pouvait être le moyen pour obtenir l’unité monétaire plus ou moins complète que, dans la période précédente, on s’était donnée comme but. L’or a réellement, depuis 1873, haussé comparativement à la majorité des marchandises.

Les moyennes les plus connues, les « numé- ros index » calculés par VEconomist de Lon- dres, d’après la proposition de M. Stanley Jevons, n’embrassent que 22 marchandises. Mais M. Sauerbeck, de Londres, a cal- culé les prix pour 45 articles  ; M. Soëtbeer, de Hambourg, pour 114  ; M. Kral, savant allemand, a même fait le calcul pour 265 sor- tes de marchandises. Ils sont arrivés, en mettant à 100 les prix de 1847 à 1850, période dans laquelle a commencé la grande produc- tion d’or, pour la période de 1871 à 1875, lorsque les prix étaient les plus élevés, à 128, 133, 122 et, pour la période de 1885 à 1891, à 87, 105 et (en 1884, la dernière année pour laquelle on ait le calcul de M. Kral) à 101. En fait, la méthode est bien défectueuse  : par le choix arbitraire d’un nombre limité de marchandises  ; par des moyennes arbitraires et disparates de quantités et de qualités  ; en- lin par le manque d’égard de l’importance des articles.

Comme amélioration considérable de mé- thode, l’importance relative des diverses marchandises a été calculée, pour les mar- chandises des numéros index de VEconomist, par M. Inglis Palgrave en Angleterre, mais, avec un soin encore plus considérable, pour une masse d’articles et d’après la consomma- tion de 2561 familles, parM, Roland P. Falkner aux États-Unis. Prenant l’année 1860 comme point de départ, il arrive à une hausse moyenne, dans la période de 1865 à 1869, à 120, et si l’on calcule en or les billets con- vertibles de cette époque, dans la période de 1886-1890, à une baisse qui ne descend qu’à 95.

Donnons encore les derniers résultats de M. Sauerbeck, publiés comme d’ordinaire dans le Journal de la Royal Statistical Society de Londres, mars 1896. Partant de la moyenne


CIRCULATION