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Page:Scarron-oeuvres Tome 6-1786.djvu/292

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Et Dorothée en chambre, et Dorothée en chaise,

Et le petit Janot qui n'est pas à son aise,

Alors que son Papa n'est pas à la maison,

Et qui diable ferait pareille trahison ?

Bénite soyez-vous, Lettre décachetée, [1095]

Par qui nous découvrons nouvelle Dorothée,

Et bénit soyez-vous l'étourdi de valet,

Qui nous avez livré ce bienheureux poulet !

Par qui nous découvrons que l'un et l'autre gendre,

Est un signe fourbe, et qui n'est bon qu'à pendre. [1100]

LUCIE

Mais, mon Père avez-vous bien lu ?

DOM PEDRO

Si j'ai bien lu ?

J'ai lu mille fois mieux que je n'aurais voulu.

LUCIE

Ce rencontre des noms est tout à fait bizarre,

Il faut que Dom Diègue ait l'âme bien avare :

Car Dom Félix pour moi peut avoir de l'amour ; [1105]

Mais cet autre venu depuis peu de la Cour,

Qui n'a pas seulement vu ma soeur en peinture,

Nous montre bien qu'il est d'une avare nature ;

Il en voulait sans doute au bien qu'elle a de plus.

Aussi qui n'aimerait cent mille beaux écus ! [1110]

DOM PEDRO

Où diable ont-ils trouvé chacun leur Dorothée ?

Est-ce un nom à la mode, ou chose concertée

Pour se moquer de moi ? Mais bons Dieux les voilà !

Qui ne se tromperait à ces visages-là ?

LUCIE, tout bas.

ieux ! Faut-il que je l'aime, et qu'il soit infidèle ! [1115]