Page:Scarron-oeuvres Tome 6-1786.djvu/67

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

D. Cosme.

Mais, monsieur, vous disiez tantôt, ou je me trompe,
Que vous haïssiez fort le vain luxe et la pompe,
Et ce qui peut passer pour superfluité :
À quelque bourgeois riche et né sans qualité,
On pourroit pardonner une folle dépense :
Mais elle est condamnée en l’homme de naissance.

D. Blaize, à part.

Ce qu’il me vient de dire, a quelque fondement.

D. Sanche, à l’autre bout du Théâtre.

Je ne puis plus tenir contre tant de tourment.
Ou vous serez bientôt de mes larmes fléchie,
Ou bien votre orgueil verra finir ma vie.

Blanche.

Êtes-vous furieux, Dom Sanche, et croyez-vous,
Que je puisse long-tems retenir mon courroux ?

D. Sanche.

Ne la retenez pas point cette juste colére :
Perdez un misérable ; aimez son heureux frére.
Avancez mon trépas par vos dédains cruels,
J’en sortirai plutôt de mes maux éternels.

D. Blaize.

Mon frére ! à mon secours, il me tourne, il me vire,
Il me fait enrager, et ne fait que sourire.

Stefanie, cachée.

Le frére aîné m’échappe, et le cadet trompeur
De mon esprit jaloux augmente la fureur.
Louize ! Olivarès ! écoutez…

D. Blaize.

Louize ! Olivarès ! écoutez…Ô dom Cosme !
Dans Madrid, ou plutôt dans tout ce grand royaume,
Trouvez-vous quelquefois quelqu’un fait comme vous ?
Croyez-vous que la paix soit long-tems entre nous ?
Moi chaud comme le feu, vous froid comme la glace,
Et quoi que l’on vous dise, et quoi que l’on vous fasse,
Vous allez toujours droit où vous voulez aller :
Vous me déplaisez fort, je vous veux quereller,