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Page:Scarron-oeuvres Tome 6-1786.djvu/78

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Lucréce avec Tarquin se donna du bon tems,
Et l’autre se brûla la gorge à contre-tems.
Dieu ! qu’elle est raisonnable et qu’elle est forte en bouche,
Celle que je croyois une sainte N’y touche !
Ma foi, je me marie au son de maint rebec,
Et dom Sanche n’aura qu’à s’en torcher le bec.
Je veux dès cette nuit avec grande énergie,
Ébaucher en draps blancs ma généalogie ;
Et cependant, cadet, vous ferez là-dessus
Des stances, ou du moins des regrets superflus.

Il sort.
Merlin, par ironie.

Que dom Sanche est heureux ! sa maîtresse l’adore.

D. Sanche.

Ce froid bouffon vient-il m’importuner encore ?
Ô Blanche ! vous aimer, est-ce un juste sujet
De me désespérer, comme vous avez fait ?
Et que puis-je penser d’une fille inconstante,
Qui tantôt rigoureuse et tantôt obligeante,
Prend en moins d’un moment deux sentimens divers,
M’élève sur le trône et me met dans les fers !
Ha, Lizette !…



Scène V

LIZETTE, DOM SANCHE.
Lizette.

Ha, Lizette !…Je sais ce que vous m’allez dire :
Mais quand bien on auroit d’un plus cruel martire
Punit votre malice et votre trahison,
Vous auriez toujours tort, et Blanche auroit raison.

D. Sanche.

Vous m’abandonnez donc, ô fille trop cruelle ?

Lizette.

J’abandonne un amant que je crois infidelle.

D. Sanche.

Moi, Lizette !