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Page:Scarron - Le Virgile travesti, 1889.djvu/117

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Donner et recevoir des coups,
Altérés de sang comme loups,
Quand trop pressés de la famine
Qui leur mène guerre intestine,
Ils mettent le nez hors du bois,
Où leurs petits sont aux abois,
Et vont dans les prochains villages
Faire meurtres et brigandages
Tels et même plus enragés,
D’armes plus que d’écus chargés,
Nous allons où la barbarie
Des Grecs exerce sa furie,
Tous déterminés à la mort,
Chacun de nous se faisant fort
Pour un coup d’en rendre au moins quatre
Aux Grégeois qu’on pourrait combattre.
Pour moi, qui m’eût lors regardé,
De m’attaquer se fût gardé,
Car j’avais alors le visage
D’un homme qui n’est pas bien sage ;
Mais en des malheurs si pressants
Qui peut conserver son bon sens,
Et qui n’a la mine funeste
Quand on va jouer de son reste ?
La nuit obscure nous aida,
Et le bruit des coups nous guida,
Où ces assassins, ces perfides,
Commettaient le plus d’homicides.
Certes, qui pourrait raconter
Tous ceux qu’on vit décapiter,
Toutes les femmes violées,
Et toutes les maisons volées,
Tous les beaux palais embrasés,
Les petits enfants écrasés
Sans pitié contre les murailles
Par ces sanguinaires canailles,
Bref, tout ce spectacle inhumain,
Conterait bien jusqu’à demain,
Et n’achèverait pas l’histoire.
Enfin notre ville, la gloire