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Page:Scarron - Le Virgile travesti, 1889.djvu/128

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Andromaque s’en tourmentait,
Connaissant bien qu’on le gâtait.
Priam, le voyant à toute heure
S’empiffrant de pain et de beurre,
Disait avec sévérité :
 « Ce sera quelque enfant gâté. »
Hécube n’en faisait que rire,
Et sa mère n’osait rien dire.
C’est assez parlé de cela.
Ce fut par cette porte-là
Que dans le palais nous entrâmes.
Sans être aperçus nous montâmes
Par un escalier dérobé,
En un lieu fait comme un jubé.
J’y trouvai des gens de tous âges
Qui vouaient des pèlerinages
Notre abord les encouragea,
Et pas un d’eux plus ne songea
Qu’à vendre chèrement sa vie.
Pour moi, qui n’avais autre envie
Que de jouer aux Grecs un tour,
Près de moi je vis une tour
Dont pouvait, étant renversée,
Mainte tête être concassée
Et maints bras être disloqués
De ceux qui nous tenaient bloqués.
De quatre piliers soutenue,
Elle se moquait de la nue,
Comme aurait fait un gros écueil :
Tout y semblait petit à l’oeil,
Et de là, Priam au nez croche,
Avec des lunettes d’approche,
Souvent sur mer épiloguait
L’ennemi qui sur mer voguait.
Là, l’on voyait toute la plaine ;
Là, souvent, quand elle était pleine
De Grecs et Troyens combattant
(Hélas ! le maigre passe-temps ! ),
Les dames et vieillards de Troie
Venaient, non pas à grande joie,