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Page:Scarron - Le Virgile travesti, 1889.djvu/129

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Voir ce jeu de gladiateurs
Si mal plaisant aux spectateurs.
Cette tour, lors mal assurée
Par secousse réitérée,
Pouvait fort bien prendre le saut
Et gâter ces donneurs d’assaut.
Elle fut bientôt ébranlée,
Et, tôt après, prit sa volée
Ainsi que tout corps pesant doit,
Vers son centre, où pas n’attendoit
Le soldat si grosse grenade,
Qui troubla toute l’escalade.
Votre serviteur ne compta
Combien elle en escravanta ;
Je ne vous le dirai donc mie,
Mais bien que plus d’un Jérémie
Fit grande lamentation
Sur une si noire action.
La chute de cette tourelle
A plusieurs Grégeois fut mortelle ;
L’assaut pourtant point ne cessa,
Mais de plus beau recommença
Pyrrhus paraît entre les autres
Apre à la ruine des nôtres,
Et ce dangereux cavalier
Fait tout seul autant qu’un bélier.
Il tâche d’enfoncer la porte,
Et la bat d’une étrange sorte.
Un harnais luisant et poli
Le rend plus affreux que joli ;
Le fer tranchant en sa main brille ;
Bref, ce déterminé soudrille
Ne représente pas trop mal
Le serpent, vilain animal,
Quand, la froidure étant passée,
Ayant peau nouvelle endossée,
Et repris nouvelle vigueur,
Son corps n’est plus dans la langueur
Que la mauvaise nourriture
Et la rigueur de la froidure