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Page:Scarron - Le Virgile travesti, 1889.djvu/130

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Lui causaient, tandis que l’hiver
Dépouillait les champs de leur vert :
Paré d’une nouvelle écaille
Qui lui sert de jaque de maille,
Le compagnon s’en va rampant,
Fort satisfait d’être serpent.
Il se raccourcit, il s’allonge,
Sort de soi-même, et s’y replonge,
Restauré du soleil nouveau,
Et défait de sa vieille peau.
Sa langue à trois pointes il darde :
Homme ou femme qui le regarde
Et l’oit horriblement siffler
De peur n’ose quasi souffler.
Ce jeune Pyrrhus tout de même
(Pyrrhus, si l’on veut Neptolème),
Suivi du puissant Périphas
Aussi membru qu’un éléphas,
D’Automédon, piqueur d’Achille,
A dompter chevaux très habile,
Et qui, dans la selle à piquer,
Soulait d’un cheval se moquer,
Lui fît-il le saut de la carpe,
De plus gentil sonneur de harpe
(Sans cette harpe à point nommé
J’eusse malaisément rimé.)
Item, l’escadre scyrienne
Redoutable à la gent troyenne,
Tous ces gens-là sur la maison
Décochaient tison sur tison.
Pyrrhus d’une hache tranchante
Sur la porte à grands coups charpente ;
Ce maître faiseur de coupeaux
En tranche bientôt les poteaux,
Tout ainsi qu’il eût fait des raves.
Son père, le patron des braves,
En bonne foi n’eût pas fait plus.
Priam, et son monde reclus,
A chaque coup que sa main donne,
Dont le vaste palais résonne,