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Page:Scarron - Le Virgile travesti, 1889.djvu/168

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le avec tous ses châtrés,
D’Ida les mystères sacrés,
La folle troupe corybante,
Hippomène et son Atalante
Au sacré char assujettis,
Pour avoir cru leurs appétits ;
Mais, quoique lion et lionne,
Ils ne mordaient pourtant personne.
Courage donc, mes chers amis,
Courons à ce pays promis :
C’est là que Phébus nous appelle.
Je veux bien que l’on me flagelle,
Si nous n’y sommes dans trois jours,
Quoiqu’ils soient encore bien courts.
Mais devant, par des sacrifices,
Rendons-nous les grands Dieux propices,
Car souvent la mer et les vents
Font enrager les pauvres gens."
Ainsi parla mon père Anchise,
Et puis, sans sortir de l’église,
A Neptune le dieu de l’eau,
Tout ainsi qu’à Phébus le beau,
Deux beaux grands taureaux nous brûlâmes,
Et puis après nous régalâmes
L’hiver d’une noire brebis ;
Et, pour qu’il soufflât pro nobis,
C’est-à-dire au cul du navire,
D’une blanche, le doux Zéphyre,
Vent qui ne fait jamais sur mer
D’action qu’on puisse blâmer.
En ce temps-là la Renommée,
Qui souvent est mal informée,
Et n’enrage pas pour mentir,
Faisait hautement retentir
Une nouvelle d’importance :
Que, pour aimer trop la finance,
Et pour avoir trop imposé
Sur son pauvre peuple épuisé,
La populace mutinée
Au capitaine Idoménée