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Page:Scarron - Le Virgile travesti, 1889.djvu/319

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Comme quilles, qui çà, qui là ;
En un mot, tout fort mal alla.
La galère, fort entamée,
De ses avirons désarmée,
S’embarrassa dans les rochers,
Et les forçats et les nochers,
Avec grandes perches ferrées,
De leurs rames défigurées
Tâchaient de pêcher les morceaux
Qui flottaient brisés sur les eaux.
Autant et plus que vent en poupe,
A Mnestheus comme à sa troupe
Cet accident vint à propos :
D’esprit et de corps fort dispos,
Il fit trois pas de sarabande,
Pour réjouir toute sa bande,
Laquelle, à force de ramer,
Fendit si prestement la mer
Qu’on l’eût alors bien comparée
A quelque colombe effarée,
Quand du lieu d’où sont ses petits,
Ses ailes faisant cliquetis
Aussi vite qu’une sagette,
Pour quelque rumeur qu’on a faite,
Elle fend le cristal de l’air,
Et puis, sans ses ailes branler
Sur l’une et sur l’autre étendue,
En l’air à gogo suspendue,
On la voit pourtant avancer
Plus quasi qu’on ne peut penser.
Mnestheus donc, en sa Baleine,
D’abord du but la plus lointaine,
Voyant Sergestus échoué,
Cria : « Le bon Dieu soit loué ! »
Et le laissa bien loin derrière
Faisant non pas quelque prière,
Mais des jurements de chartier,
Ou, si l’on veut, de brelandier.
Tandis que messire Sergeste
Contre messire Destin peste,