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Page:Scarron - Le Virgile travesti, 1889.djvu/324

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Et deux gondoles de laiton
De la valeur d’un ducaton.
En cet endroit maître Virgile,
Des poètes le plus habile,
Ne nous fait point savoir qui fut
Celui qui ses beaux présents eut,
Si ce fut Gyas ou quelque autre ;
Mais il y va fort peu du nôtre :
Tant y a qu’en fort bel arroi
Faisant tous bien du quant-à-moi,
Sur le rivage ils promenèrent
Les beaux présents qu’ils remportèrent,
Et s’y promenèrent aussi ;
Cela se doit entendre ainsi.
Tandis qu’ils font leurs caracoles,
Faisant grand dégât de paroles,
Et racontant leurs beaux exploits,
Disant une chose deux fois,
On vit de loin le sieur Sergeste,
Du peu de rames qui lui reste
De cet inconsidéré choc
Qu’il avait eu contre le roc,
Tâchant d’amener sa galère,
Où l’on ne voyait que misère.
Dans ce vaisseau tout disloqué
Mordant ses doigts d’avoir choqué,
Et non tant fâché de sa perte
Que de la vergogne soufferte,
Il prit sans honte et sans remords,
Par tous les endroits de son corps,
Plus de cent fois le Dieu de l’onde,
Au grand scandale de son monde.
Du pauvre navire échoué,
Un grand vilain serpent roué
De quelque pesante charrette,
Est la comparaison bien faite ;
Ou bien quand, par quelque passant,
D’un coup de bâton fracassant,
Sa personne peu respectée
Est un peu rudement traitée,