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Page:Scarron - Le Virgile travesti, 1889.djvu/337

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Et leurs membres nus palpiter ;
Tantôt un coup les fait roter,
Appliqué sur le diaphragme,
Et vomir du sang une dragme ;
Tantôt l’un d’eux n’attrape rien,
Dont l’autre se trouve fort bien.
A l’un le ventre frappé sonne,
A l’autre la tête s’étonne,
Ou, pour mieux dire, sa raison,
Du coup qui frappe sa maison.
Maints coups perdus frisent l’oreille ;
Enfin, ils font tous deux merveille.
Darès, faisant maint et maint sauts,
L’intrépide Entellus assaut,
Qui n’a recours qu’à la parade,
Sans reculer à la gourmade,
L’oeil fiché sur son ennemi
Et sur ses pieds bien affermi.
Son homme le tourne et regarde,
Pour trouver un membre hors de garde
Sur lequel il puisse donner.
Quand on le voit ainsi tourner,
On se représente une place,
De qui le mur partout fait face,
Que l’on tourne pour découvrir
Par où le mur se peut ouvrir,
Et contre lequel l’adversaire,
Ne fait pourtant que de l’eau claire,
Et ne s’est, ayant bien tourné,
Que beaucoup de peine donné.
Sur Darès, qui tel assaut livre,
Un coup pesant plus d’une livre
Par Entellus fut desserré ;
Ce grand coup ne fut point paré,
Mais esquivé, dont le bonhomme,
Ne trouvant rien, trébucha comme
On voit trébucher bien souvent
Un pin ébranlé par le vent.
Entellus donc, en grosse bête,
Trébucha de cul et de tête,
Et