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Page:Scarron - Le Virgile travesti, 1889.djvu/348

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Mais sans doute il était monté
En homme de sa qualité.
Le plus beau de tout fut Ascaigne ;
Son cheval, couleur de châtaigne,
Le meilleur cheval de Sidon,
Etait un présent de Didon.
Ce cheval était une bête
Propre à paraître un jour de fête,
Qui faisait le saut de bélier,
Et duquel souvent cavalier,
Sans le secours de la crinière,
Tombait la tête la première ;
Mais tant fût-il mauvais cheval,
Courant à mont, ou bien à val,
Quand il eût fait le diable à quatre,
Il n’eût pu notre Iule abattre,
Savant du pied et de la main,
Comme un créat de Benjamin,
Ou d’autre chef d’Académie,
Qu’ici je n’alléguerai mie.
Pour les autres jeunes cadets
Acestes fournit des bidets
Et mainte jument poulinière,
Que les poulains suivaient derrière.
Les Troyens frappèrent des mains,
Voyant les fils de leurs germains,
De leurs cousins, de leurs cousines,
De leurs voisins, de leurs voisines,
Et quelques-uns aussi des leurs,
Habillés en petits seigneurs,
Et parés en coureurs de bague,
Sur les reins coutelas ou dague ;
Ils reconnurent dans leurs traits
De leurs amis morts les portraits,
Quoiqu’en leurs visages la crainte
En couleur pâle fut dépeinte,
A cause qu’ils s’épouvantaient
De leurs chevaux qui trop sautaient.
A la fin, ils se rassurèrent,
Et dans leurs selles s’ajustèrent.
Epitide