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Page:Scarron - Le Virgile travesti, 1889.djvu/397

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De souliers, bottes et bottines,
De clystères et médecines.
Au reste, ce bon trompetteur
Etait aussi gladiateur,
Et se piquait de bonne brette
Autant que de bonne trompette ;
Heureux s’il eût toujours bretté,
Et s’il n’eût jamais trompetté,
Car ce jour-là près du rivage,
Sur un roc chantant son ramage,
Et trompettant comme un perdu,
Et faisant si fort l’entendu
Qu’aux Tritons, les divins trompettes,
Il osait bien chanter goguettes,
Et les défier au combat,
Action qui sentait le fat.
Ils laissèrent quelque temps faire
Des fanfares au téméraire,
Et puis, remplis de maltalent
(Car tout Triton est violent),
Avec un grand instrument croche,
Le déguerpirent de la roche,
Et firent boire ce grand fou
Un peu plus que son chien de soûl ;
Puis, ayant fait ce beau ménage,
Le remirent sur le rivage.
Il fut donc alors question
De faire lamentation,
Et les obsèques salutaires ;
Toutes les choses nécessaires
Furent prêtes en moins de rien,
Car ils étaient tous gens de bien,
Et chacun sait que maître Enée,
Personne bien morigénée,
Etait, sans faste et vanité,
Adoré pour sa charité
Il pleura donc comme les autres,
Récita force patenôtres,
Et puis ce prince très humain
Courut, la cognée à la main,