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Page:Scarron - Le Virgile travesti, 1889.djvu/481

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Et coucher en cérémonie
Avec l’Infante Lavinie.
A cet oracle de Faunus
Rêve le bon roi Latinus,
Si fort que toute l’assistance
Ne dit pas tout ce qu’elle en pense ;
Mais si longtemps il rêvassa
Que plus d’un Troyen s’en lassa.
Il le vit bien, dont il eut honte,
Comme s’il eût fait un sot conte.
Enfin son esprit se calma,
Et voici comme il déclama :
"Mes beaux Messieurs de l’ambassade,
Vous n’avez qu’à faire gambade ;
Ce que vous avez demandé
Vous sera par nous accordé :
Nous embrasserons avec joie
Le révérend prince de Troie,
Et voulons bientôt lui donner
A souper ou bien à dîner,
Lequel des deux n’importe guère,
Pourvu qu’il fasse bonne chère.
Mon vin vieux, depuis peu percé,
Lui sera largement versé ;
J’y veux tout mettre par écuelles,
Y dire des chansons nouvelles,
Y boire en trou, manger en loup,
Et, sceptre à part, faire le fou.
Allez donc dire à votre maître
Que je lui veux faire paraître
Que je l’aime avec passion,
Et que, de mon affection
Pour lui donner un riche gage,
Je lui destine en mariage
Un enfant que Dieu m’a donné,
Un esprit bien morigéné,
Ma fille, que la Destinée
Me défend d’être en hyménée
Donnée à quelqu’un de ces lieux :
Ainsi me l’ont appris les Dieux,