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Page:Scarron - Le Virgile travesti, 1889.djvu/497

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Et gros comme poils d’époussette,
Et sa voix était de chouette.
Ecoutez ce qu’en bégayant,
Et sur un bâton s’appuyant,
Elle dit à l’infant rutule :
"Prince aussi quinteux qu’une mule,
O Turnus, ô Turnus, Turnus,
Tandis que le fils de Vénus
Sous le pied te va coupant l’herbe,
Comme dit l’antique proverbe,
Tu t’amuses ainsi qu’un veau,
Comme un blondin qui fait le beau,
A dormir jusqu’à près d’onze heures
Ma foi, tandis que tu demeures
Dans ton lit du matin au soir,
Ton père ferait son devoir,
S’il venait, durant la nuit sombre,
De coups d’étrivières sans nombre,
T’apprendre qu’à tel jouvenceau
Dormir ainsi n’est pas trop beau.
Cependant qu’ainsi tu reposes,
Un rival fait bien d’autres choses,
Et suit bien des chemins meilleurs :
Il t’expose à tous les railleurs,
Dont on dit que sa flotte abonde,
Les plus grands goguenards du monde,
Qui sur un mot, qui sur un rien,
Font enrager les gens de bien.
Qui pis est, Latinus lui donne
Son héritière et sa couronne :
C’est, par ma foi, te bien payer.
Va, va-t’en encore essuyer
Les traits des galères toscanes,
Et leur faire faire les canes.
Va, va-t’en donner à grands frais
A ton roi des Latins la paix ;
Et de la paix par toi donnée
Jouira ton rival Enée.
Lors Dieu sait de te voir tondu
Combien tu seras confondu,