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Page:Scarron - Le Virgile travesti, 1889.djvu/514

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Aventinus, le fils d’Hercule,
Lequel chevauchait une mule
Qu’on avait dressée aux combats,
Y vint armé de haut en bas,
Depuis les pieds jusqu’à la tête,
De la peau d’une grand bête,
D’une lionne ou d’un lion,
Dont la têtière en morion
Etait ajustée à la sienne,
Faite en bourguignotte ancienne.
Il portait peint en son écu
L’hydre par son père vaincu,
Et des vilains serpents sans nombre.
Sire Hercule, dans un lieu sombre
Du mont qu’on appelle Aventin,
Par accouplage clandestin,
Le fit à la prêtresse Rhée ;
Elle faisait bien la sucrée,
Mais enfin il la corrompit
Par un beau présent qu’il lui fit
De quelques vaches mal acquises,
D’un collet et de six chemises.
Je ne me souviens plus comment
Etait armé son régiment.
Coras et son frère Cratille,
Grecs de je ne sais quelle ville,
Frères du baron de Tibur,
Quittèrent le débile mur
De Tibur que fonda leur frère,
Et vinrent en démarche fière
Présenter à Turnus sans pair
Leur service en l’art de frapper :
Le fort Turnus en fut fort aise,
Et leur fit offrir une chaise,
Mais eux, qui savaient leur devoir,
Ne voulurent jamais s’asseoir.
Ils faisaient d’estoc et de taille
Merveilles en une bataille,
Et on les tenait entendus
A mener les enfants perdus.