Aller au contenu

Page:Scarron - Le Virgile travesti, 1889.djvu/91

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Qu’accompagné de ses valets
Avec dagues et pistolets.
Mais qu’est-ce que je vous lanterne
Qu’attendez-vous qu’on ne me berne ?
Et, si c’est trop peu de berner,
Qu’attend-on à m’assassiner ?
De quoi vous importe une vie
De tant de malheurs poursuivie ?
Que vous importe si Sinon
Est maltraité des Grecs ou non ?
Sans doute Ulysse le perfide,
Les Grecs et l’un et l’autre Atride
Seront bientôt les grands amis
De ceux qui m’auront à mort mis.
Faites-moi donc vitement pendre ;
J’enrage quand il faut attendre.
Mon estomac vous fait beau jeu.
Vous n’avez qu’à pousser un peu."
Le traître, par cet artifice,
Ajoutait poivre sur épice
Au chaud désir que l’on avait
D’apprendre ce qu’il controuvait.
On le caresse, on l’amadoue ;
Notre roi le baise à la joue :
Le bon seigneur aimait surtout
Les contes à dormir debout,
Et, pour écouter une histoire,
Il eût, sans manger et sans boire,
Demeuré tout le long d’un jour.
Nous tous, assemblés alentour,
Avions pour le moins même envie
D’apprendre cette belle vie.
Le drôle, qui le voyait bien,
Feignant de ne craindre plus rien,
Pria qu’on lui donnât à boire,
Pour mieux achever son histoire ;
Priam quêta parmi nous tous
Environ quinze ou seize sous.
Tandis qu’on alla quérir pinte,
Il reprit son histoire feinte,
Et