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Page:Scarron - Le Virgile travesti, 1889.djvu/99

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 ne nous promit rien de bon.
Au très prudent Agamemnon
Elle fit la moue et la figue,
De quoi ce grand chef de la ligue
Garda, de honte et de dépit,
Durant quatre ou cinq jours le lit.
Sueur de sang découla d’elle,
Chose qui n’est point naturelle,
On vit ses yeux étinceler,
Et d’elle on sentit exhaler
Odeur qui n’était pas divine.
Elle branla sa javeline,
De sa palme le nez brida
A qui de trop près l’aborda ;
Enfin elle fit tant la bête
Qu’elle nous embrouilla la tête.
Calchas, là-dessus consulté,
Jura qu’on avait tout gâté,
Qu’il fallait retourner en Grèce,
Faire un camp nouveau pièce à pièce,
Lever vitement des gens frais,
Et revenir, sur nouveaux frais,
De plus belle faire la guerre ;
Mais qu’il fallait en cette terre
Bâtir ce grand cheval de bois,
Ce que l’on pouvait en six mois,
Pour faire à Pallas une offrande ;
Qu’il la fallait faire ainsi grande,
Afin qu’on ne la pût rouler,
Faire avancer ni reculer,
Entrer par porte ni muraille ;
Enfin la faire d’une taille
Effroyable pour sa longueur,
Largeur, hauteur et profondeur,
Afin qu’étant tout immobile,
Elle ne pût entrer en ville.
Car voici ce que dit Calchas,
Et de ceci faites grand cas :
"Si cette monstrueuse bête,
Au lieu d’être reçue en fête