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Page:Scarron - Oeuvres T3, Jean-François Bastien 1786.djvu/325

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en se tournant vers la Mendez, plus mauvaises que vous ne pensez ; recommandez vous donc sérieusement à dieu pour la première fois : votre âge avancé ne peut pas tenir contre le travail de cette journée, et plût à dieu que vous puissiez avoir un confesseur aussi facilement qu’il est vrai que vous en avez besoin. Ce n’est pas que votre vie exemplaire ne vous doive laisser l’esprit en repos. Vous avez été toute votre vie si charitable, qu’au-lieu de murmurer des défauts des autres, vous avez réparé ceux d’un nombre infini de jeunes filles, et puis la peine que vous avez prise à étudier les sciences les plus cachées, ne vous seroit-elle comptée pour rien ? Il est vrai que l’inquisition ne vous en a pas aimée davantage, et qu’elle-même vous a donné des marques publiques de sa mauvaise volonté : mais vous savez qu’elle est composée de savans hommes, et que les personnes de même métier se portent envie. Ils font bien plus, ils ont fort mauvaise opinion de votre salut ; mais quand cela serait, avec le tems on s’accoutume à tout, même en enfer, où il ne se peut faire que vous ne receviez beaucoup d’amitié des habitans du lieu, ayant si souvent conféré avec eux pendant votre vie. J’ai encore un mot à vous dire ; j’aurois pu vous châtier d’une autre manière, mais j’ai songé que les vieilles personnes retournent d’ordinaire en enfance ; que vous êtes assez âgée pour être retournée en votre premier état d’innocence, et qu’ainsi le fouët convenoit mieux à la petite friponnerie de jeunesse que vous m’avez faite, que toute autre sorte de châtiment ; là-dessus je prends congé de vous , vous recommandant le soin de vos chères personnes. Il s’en alla après les avoir à son tour bien ou mal raillées, et les laissa plus mortes que vives, non