Page:Scarron - Théâtre complet, tome 3, 1775.djvu/282

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

STANCES DE MATAMORE en Gueux.

Je suis l'effroi des Capitans,

Et la terreur des indomptables.

Mes bras nerveux et redoutables

Sont plus forts que ceux des tyrans :

Mais ventrebleu, quelle disgrâce,

La gueuserie me pourchasse.

Parbleu le Destin a grand tort,

Ce maraud qui me porte envie,

M'oblige à demander ma vie,

Moi qui donne toujours la mort.

Cet infâme et cruel Destin,

Ce souverain des noires parques

Me donne d'infaillibles marques,

Qu'il est quelque fils de putain :

Car depuis l'heure que les choses

De leurs Chaos furent écloses,

Il n'a rien fait qui ne soit mal ;

Il a mis Mercure à la bière,

César dans le cimetière,

Et Matamore à l'hôpital.

Ah, sort par trop injurieux,

Peux-tu bien avoir le courage