De déplier toute ta rage
Sur un sujet si glorieux !
Un Capitan si plein de gloire,
Plus vaillant qu'on ne saurait croire,
Qui massacre de ses accents
Digne de régir la Guinée,
Est réduit par la Destinée
De tendre la main aux passants.
Astres malins et dangereux,
Qui sans raison m'êtes contraires ;
Ne provoquez pas mes colères,
Je vous ferais tous malheureux,
La faim que j'ai, fait que j'enrage,
Faites qu'un repas me soulage,
Sinon pour me désaffamer,
Malgré votre faible tonnerre
Je mangerai toute la terre,
Et je boirai toute mer.
Mon boyau crie incessamment
Après cette faim qui me tue,
Ma constance en est abattue,
Et j'en perds le raisonnement.
Il faudra dans ma peine extrême
Que je me dérobe à moi-même
Si je veux bien me soulager,
Ou que dans l'excès de ma rage
Pour me venger de cet outrage
Je me prépare à la manger.