Aller au contenu

Page:Schœlcher - De l'esclavage des Noirs, 1833.djvu/100

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rité. On ne peut expliquer d’une manière plus plausible la barbarie des anciens temps qu’en l’attribuant à l’esclavage domestique par lequel tout homme d’un certain rang devenait un petit tyran, élevé au milieu de la flatterie, de la dépendance et de la dégradation de ses esclaves. Tout ce que je prétends inférer de ces raisonnemens, c’est que l’esclavage est, en général, funeste, soit à la population, soit au bonheur du genre humain[1]. »

« Là où l’esclavage est établi, tous les vices sont communs[2]. »

« Comment resterait-on modéré dans ses désirs quand on peut tout exiger, continent quand on n’a pas même la peine de séduire, humain quand on a si fréquemment sous les yeux des châtimens dont la plus vile populace de l’Europe pourrait à peine endurer le spectacle ? Nous le demandons, n’y a-t-il pas là une cause nécessaire et perpétuelle de dépravation[3] ? »

Après s’être imbu de telles vérités, il n’est plus possible de douter que l’esclavage soit aussi nuisible au maître qu’à l’esclave. — C’est à l’esclavage qu’il faut s’en prendre, si les colonies n’ont ja-

  1. Hume.
  2. La Rochefoucault.
  3. Dufau.