mais produit un homme supérieur, en quoi que ce soit ; et c’est encore à l’esclavage qu’il faut accuser de la cruauté, tant et si justement reprochée aux propriétaires ; car les colons, une fois hors de leur rôle de maîtres, conservent toujours, il est vrai, beaucoup d’orgueil, mais sont généralement des hommes braves, serviables, et qu’on aime à connaître. Chez eux s’est réfugiés la belle et pure hospitalité des temps antiques, si complètement oubliée dans notre Europe froide, vaniteuse et avare comme une vieille femme.
Il faut bien croire enfin que l’esclavage gâte le cœur, quand on voit les jeunes gens, naturellement généreux, ne l’être pas aux colonies, et mettre à perpétuer la servitude le même acharnement que nous mettons en Europe à travailler pour l’abolir. Faisons remarquer, à cette occasion, que les esclaves ont trouvé partout et en tout temps des esprits éclairés, disposés à les défendre, sans aucun intérêt personnel, et dominés seulement par l’amour du bien et du vrai, tandis que les colons sont obligés de se défendre eux-mêmes. N’est-ce pas là leur première condamnation ?