Il tient fortement à cet état de choses ; il n’a pas de scrupules ; pour lui la traite n’est qu’un moyen de s’enrichir, axiome reçu dans les colonies françaises.
Quant au négrier, tant qu’il trouvera des acheteurs, il bravera toutes les lois. On n’essayera pas d’apprécier ses gains ; ce sont ceux du pirate ou du voleur de grands chemins.
Ainsi, Messieurs, le crime de la traite des noirs prend sa source dans l’intérêt personnel du colon, auquel vient s’associer celui de plusieurs complices, tels que les bailleurs de fonds, les assureurs, le capitaine du bâtiment négrier et son équipage. IL n’est qu’un moyen de tarir cette source impure, c’est de faire cesser le monopole qui a été accordé aux colons français, et d’anéantir sans retour le privilège qu’ils ont d’approvisionner, seuls, les marchés de la France de produits coloniaux ; c’est, enfin, d’ouvrir nos ports à ces produits venant de l’étranger.
La traite des noirs est un grand mal, et demande un grand remède. Il s’agit d’arrêter le cours d’opérations depuis long-temps flétries comme criminelles. Le pétitionnaire ne croit pas devoir réfuter les objections qu’on pourrait tirer de la nécessité de maintenir l’impôt et de protéger certaines industries : aucune considération de ce genre ne peut lutter contre l’urgence de la mesure demandée.
En conséquence, attendu
Que dans les colonies françaises le promoteur de la traite des noirs est le planteur ou cultivateur de sucre, café et autres produits coloniaux, que les autres intéressés ne sont que ses complices ;
Que le remède le plus efficace à apporter à la traite est de détruire l’intérêt du planteur, et par suite celui des individus qui le secondent ;
Que, si tous les colons n’achètent pas des noirs de traite,