Sur une sucrerie bien conduite et d’une moyenne fertilité, on fait produire à chaque noir, sans distinction, un tonneau et demi de sucre. Le tonneau contient communément 750 kilog. Le nègre acheté a donc produit au planteur, après 3 ans, 3, 375 kilog. de sucre que celui-ci a vendus dans la colonie aux taux moyen de 54 francs les 100 kilog. ; il a retiré en argent, du travail du nègre 1, 822 fr. 50, somme à peu près égale à celle qu’il a déboursé pendant le même temps. Le nègre est donc payé par le produit, après un laps de 3 ans.
Désormais le même homme qui, dans le principe, a coûté |
fr. | 1,200 |
dont l’intérêt annuel à 6 % est de | 72 | |
Fr. | 1,272. |
rapportera à son maître |
fr. | 607, | 50 c. |
moins ses dépenses |
150. | ||
Fr. | 457, | 50 c. |
Ainsi un capital de 1272 francs rapportera 457 fr. 50, c’est-à-dire un peu plus de 35 %.
Ces calculs sont applicables aux noirs employés sur les plantations à café, coton et autres produits de moindre importance : car si ces produits rapportent moins que le sucre, le travail de culture n’est pas aussi pénible, et les hommes qu’on y emploie durent plus long-temps.
Généralement le propriétaire vit en Europe, riche, honoré, revêtu souvent de hautes fonctions, et, par l’effet d’une contradiction frappante, il doit en partie sa position élevée à l’usure, oui, à l’usure la plus odieuse : il a prêté son argent, et on lui a donné en gage des hommes.