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Page:Schœlcher - De l'esclavage des Noirs, 1833.djvu/157

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propriétaires à la Martinique et à la Guadeloupe cultivent et recueillent à grand frais du sucre et du café. Le dernier gouvernement leur a accordé le monopole des marchés de la France, pour les mettre à même de retirer leurs frais de culture et de faire de forts bénéfices. Ainsi, la France a payé et paye encore un subside annuel à ces propriétaires qui n’y ont aucun droit, à moins qu’on ne considère, comme conférant ce droit, le fait de cultiver du sucre et du café ; et si l’on fait cesser le monopole, les colons seront mis sur le pied d’égalité avec les autres citoyens de l’État. »

Est-il besoin d’argumens pour prouver que cette mesure serait de la plus stricte justice ? Qui oserait soutenir qu’un gouvernement économe n’a pas le droit de retrancher une dépense inutile que faisait un gouvernement prodigue ?

Les mesures que le pétitionnaire propose n’auraient pas, au reste, pour effet nécessaire d’attaquer d’une manière si directe les intérêts des colons français. Il leur resterait une chance assez belle, celle de concourir avec les étrangers ; ils apprendraient de quelques-uns d’eux à mieux administrer leurs plantations, à avoir des directeurs et sous-directeurs éclairés, et non des serviteurs à gage, à ne pas encourager le trafic infâme et trop long-temps souffert des noirs d’Afrique, à améliorer la position de ceux que la tolérance des lois et la nécessité leur laissent, à régulariser leur travail, à employer plus qu’ils ne font les machines à vapeur et les autres perfectionnemens de l’industrie moderne, en un mot, à suivre les principes d’une économie sage et éclairée.

Si l’on objecte, en outre, qu’en permettant dans les colonies la libre introduction des objets de fabrique étrangère, on porte coup aux manufactures françaises, on peut avec assurance opposer à cette objection les raisons suivantes :