Page:Schœlcher - De l'esclavage des Noirs, 1833.djvu/44

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Je le demande maintenant : est-il possible de soutenir, en présence de pareils faits, que « la plupart des esclaves qui obtiennent la liberté de la bonté ou de la faiblesse de leur maître, ne tardent pas à reconnaître que c’est un véritable fardeau et à regretter leur esclavage. » Ou bien « que la liberté pour presque tous les noirs est la même chose que seraient, en France, pour la plupart des domestiques, des titres de noblesse[1]. »

Il est superflu d’ajouter que les nègres des possessions étrangères ne se réfugient pas sur les nôtres. Nous gagnerions beaucoup, il est vrai, à l’acquisition de ces travailleurs libres ; mais nos autorités, imbues de bons principes, repoussent ces émigrations d’un exemple contagieux. — Chez les Anglais, au contraire, comme il faut une caution à tout homme qui vient habiter leur terre, c’est

  1. C’est encore M. F. P. qui a dit cela. Voilà une nouvelle réponse à lui faire : Les quatre-vingt-onze nègres capturés par le vaisseau l’Héroïne, écrivait en 1830 le vice-agent de la colonie de Libéria, ont tous été installés sur les terres qu’on leur a assignées. Ils ont construit une vingtaine d’habitations avec des toitures de chaume, confectionnées d’une façon qui leur est particulière, et qui surpasse en élégance et en solidité celles des indigènes. Si vous voyiez la jolie ébauche de leur petite ville nommée la Nouvelle-Géorgie, vous en seriez enchanté, et vous auriez peine à croire que ses habitans soient les mêmes créatures qui paraissaient aux États-Unis, sous le joug de leurs maîtres, incapables de songer au lendemain.
    ( « North American Review » )