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Page:Schœlcher - De l'esclavage des Noirs, 1833.djvu/48

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CHAPITRE VII.

L’esclavage rend l’homme vicieux et criminel, en le démoralisant.

J’ai dit dans mon premier travail sur les noirs que la dissolution des mœurs des esclaves est telle qu’un noir cède volontiers sa femme à un autre pendant huit jours pour cinquante sous. On m’a répondu que l’on ne connaissait pas d’exemple d’un pareil fait, « lequel, assure-t-on, n’est point dans le caractère du nègre, naturellement jaloux jusqu’à la férocité. » Je tiens pourtant ce que j’avance de la bouche de plusieurs colons espagnols, et je renvoie ceux de nos lecteurs qui pourraient douter, aux fréquens exemples qu’ils en trouveront à la Havane. — Je ferai observer, en outre, qu’un nègre qui n’aime pas ou qui n’aime plus sa femme ne saurait en être très-jaloux, puisque dans son ignorance il ne peut tenir à elle par ce sentiment tout social qui nous rend solidaires, nous autres hommes civilisés, de la fidélité et de la vertu de la nôtre. Rappelons-nous aussi qu’il est très-rare que les nègres se marient légalement, par la raison toute simple que le mariage entraverait les désordres auxquels ils ont l’habitude de