Page:Schœlcher - De l'esclavage des Noirs, 1833.djvu/49

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se livrer, ou plutôt parce que privés de toute connaissance des principes sociaux, incapables d’élever leur raisonnement esclave jusqu’au but moral de cette formalité, ils s’abandonnent par instinct au concubinage comme à l’état le plus naturel. Voyez ce que dit M. Dufau à cet égard : « Un libertinage sans frein est le seul dédommagement laissé aux esclaves pour le prix de l’abrutissement dans lequel on les maintient ; les unions légitimes sont rares parmi eux : les maîtres, loin de les favoriser, y mettent obstacle. » — « La disposition du Code » ajouter autre part M. Hillard d’Auberteuil, apologiste modéré de l’esclavage, « la disposition du Code qui défend aux maîtres d’abuser de leurs négresses, n’a jamais été exécutée et n’a pu l’être. »

Les Anglais, auxquels il faut bien rendre la justice de dire qu’ils travaillent sans relâche à l’amélioration du sort des esclaves, ont fait, pour les encourager au mariage, une loi spéciale, dont la principale disposition défend au maître de séparer une famille, c’est-à-dire d’arracher des enfans à leurs parens ; — s’il veut se défaire de l’un d’eux, le propriétaire est obligé de les vendre tous, de même que l’acheteur ne peut acquérir l’un sans l’autre. — Pauvres nègres ! ils sont réduits à cet état, qu’ils doivent regarder un pareil acte de justice comme un bienfait ! — À Bourbon, on ne