parmi lesquels le temps même n’a pu encore amener aucune espèce de civilisation. »
Je n’ai point à justifier les noirs de l’apathie dans laquelle on leur reproche de vivre ; je n’ai pas ici à prouver non plus que l’homme, loin d’être naturellement travailleur, est au contraire de sa nature essentiellement paresseux, et que l’on ne peut en conséquence s’étonner avec raison que les nègres, isolés des grandes sociétés européennes et de leur civilisation, soient restés à peu près sans industrie sous un ciel toujours chaud, sur une terre qui se féconde d’elle-même. Je n’ai point à dire, avec le lumineux auteur du Traité de législation, que, « si les nègres eussent changé de sol avec nous, ils feraient peut-être aujourd’hui sur nous les mêmes raisonnemens que nous faisons sur eux. » J’ai seulement à demander compte à leurs oppresseurs du droit qu’ils puisent dans la prétendue barbarie des Africains ; et pour cela j’interrogerai M. F. P. lui-même. Si M. F. P., par hasard, était un paresseux, un idiot, ce qu’à Dieu ne plaise ; s’il n’avait pas de revenu, mais qu’héritier de la maison de ses pères, il vécût tranquillement, sans faire de mal à personne et sans travailler, mangeant les fruits de son jardin et buvant l’eau de son puits ; si tout cela était, quelle vengeance n’appellerait-il pas sur la tête de l’homme qui, plus fort