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Page:Schœlcher - De l'esclavage des Noirs, 1833.djvu/94

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des réflexions frappantes de justesse et d’une haute portée.

« Tous les raisonnemens employés par les colons pour la défense de leur système sont faciles à réfuter. Eux-mêmes, par l’inconséquence et les contradictions sans nombre de leurs discours, en détruisent la majeure partie. Ils veulent le bonheur des nègres, et se plaignent de la dépopulation ; ils s’exaltent la douceur avec laquelle ils les régissent, et assurent qu’ils n’en peuvent rien tirer que par le châtiment ; ils les considèrent avec mépris, comme une classe naturellement stupide, et s’opposent de toutes leurs forces à l’instruction des libres. Ce n’est pas tout : alléguer que les colonies ne peuvent être cultivées que par des esclaves, c’est ériger en principe ce qui est à prouver. Je suis convaincu qu’à la Guadeloupe les hauteurs pourraient être cultivées par des Européens. Là, règne un printemps perpétuel ; là, point de chaleurs étouffantes comme en France, dans l’été ; le mois de mai y dure toujours. On pourrait donc faire concession de cette grande étendue de telles incultes qui, faute d’avoir été défrichées, sont rentrées dans le domaine de l’état, à des paysans pauvres que l’on retirerait ainsi de la misère. Mais voudrez-vous, dira-t-on, exposer ces malheureux au danger d’un acclimatement ? Ce ne