Page:Schœlcher - De l'esclavage des Noirs, 1833.djvu/97

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Je laisse à penser de quelle ressource seraient alors pour nous des colonies qui auraient puisé dans l’amour et le respect de la sainte égalité la puissance de se défendre seules contre nos ennemis. Cette dernière considération devient très-grave, quand on examine que nos établissemens d’outre-mer coûtent, dit-on, encore chaque année de si grosses sommes, que des économistes trop ardens ont proposé de les abandonner. Ils oubliaient qu’un tel abandon, sans parler des dangereuses conséquences commerciales et politiques qu’il pourrait avoir dans l’avenir de la France, porterait le dernier coup à notre marine, privée alors d’école-pratique de matelots et d’abri, pour relâcher, pour se sauver de la tempête, ou se garder d’un ennemi supérieur. Mais, sans nous appuyer sur de telles vues d’intérêt, disons que l’honneur fait un devoir à la métropole de garder ses colonies, coûtassent-elles encore plusieurs millions annuels. Malgré les plaintes qu’elles croient devoir élever contre la commune patrie, elles s’enorgueillissent d’être françaises ; il y aurait dans l’abandon que nous en ferions quelque chose d’offensant pour elles qu’elles n’ont jamais mérité, et une lâcheté de notre part, dont, j’espère, nous ne sommes pas capables. — Nous avons vendu la Louisiane. Assez de honte !

C’est donc dans le seul but de se rendre compte