Page:Schelling - Bruno, 1845, trad. Husson.djvu/43

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Cette espèce de vérité qui peut s’allier avec ce qu’il y a d’imparfait et de temporel dans les formes, avec les impressions qu’elles subissent du dehors, mais qui n’est point sortie vivante de sa propre idée, ne saurait servir de loi et de règle qu’à celui qui n’a jamais vu la beauté sainte et immortelle. L’imitation de cette vérité secondaire donne naissance à ces sortes d’ouvrages où nous admirons seulement l’art avec lequel ils atteignent au naturel ; sans pouvoir l’unir avec le divin.

Quant à une telle vérité, on ne saurait même dire comme Lucien, qu’elle est subordonnée à la beauté ; mais, bien plutôt, qu’elle n’a pas le moindre rapport avec elle. La vérité et la beauté suprêmes, seulement, ne sont point dépendantes l’une de l’autre ; car, de même que la vérité qui n’est point beauté n’est pas non plus vérité, de même la beauté qui n’est point vérité ne saurait être beauté ; ce dont nous avons des exemples frappants dans les œuvres qui nous entourent ; car nous les voyons pour la plupart flotter entre deux extrêmes.