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LE BOUDDHISME AU TIBET

de Gnary-Khorsoum ont dit à mes frères qu’ils mettent dans cette eau un sac rempli de riz, qu’ils nomment Brakhoug, « sac de riz »[1].


CÉRÉMOMIE NYOUNGNE OU NYOUNG PAR NEPAI CHOGA

Cette cérémonie ne se célèbre dans toute sa rigueur qu’une ou deux fois par an : son nom signifie « continuer l’abstinence » ou « cérémonies de l’abstinence prolongée »[2]. Elle se prolonge pendant quatre jours ; les prières et les passages des livres lus pendant ce temps, célèbrent surtout la gloire de Padmapani en sa qualité de Jigten Gonpo « protecteur du monde » pour ses efforts à soulager l’humanité des maux de la vie[3]. Tout laïque peut participer à ces cérémonies ; il n’a qu’à se présenter au monastère dans la soirée, bien lavé et revêtu d’habillements propres, avec un rosaire, une tasse nommée Thor, et une bouteille d’eau pure pour se laver.

Le premier jour est consacré aux « exercices d’introduction », en tibétain Tagom[4], préparatoires à ceux du lendemain ; on récite des prières et on lit des passages des livres sacrés sous la direction d’un savant Gelong, désigné par le Lama Supérieur. Le second jour est consacré à Chorva, « la préparation »[5]. Au lever du soleil les dévots sont réveillés, ils se lavent et se prosternent plusieurs fois devant l’image de Padmapani. Le Supérieur Lama les adjure de ne plus violer leurs vœux, et de renouveler les promesses qu’ils ont déjà faites ; il leur commande de confesser leurs péchés et de méditer sérieusement sur les maux qui en découlent. Pendant environ une heure, il lit, avec ses assistants, des extraits de plusieurs livres, ce qui s’appelle Sabyong, « confession, amendement de la mauvaise vie ». Alors on lit jusqu’à dix heures le livre Nyoungpar ne paï choga ; à ce moment on distribue du thé (Cha-chosh et non Cha[6]). Après cela on continue jusqu’à deux heures la lecture des livres et des prières, et on sert un dîner composé de légumes et de pâtisseries ; la

  1. Les Mongols, d’après Pallas, Mongol Völker, vol. II, pp. 161-177, parfument cette eau avec du safran et l’adoucissent avec du sucre.
  2. ṣNyungpar, « réduire en nourriture », g̣nas-pa, « continuer » ; choga (chhoga), « cérémonial ».
  3. Comparez, pp. 56 et 76.
  4. H’a, « considérer, théorie » ; gom, « pas » ; la traduction littérale est « pas vers la théorie ».
  5. Byor-ba, littéralement « venir, arriver », se rapporte à la purification des péchés, qui découle de ces exercices.
  6. Voyez, p. 107.