Aller au contenu

Page:Schlagintweit - Le Bouddhisme au Tibet.djvu/84

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
30
ANNALES DU MUSÉE GUIMET

aussi par lui-même ; mais il est impossible de produire par l’existence propre de la sensation celle du corps organisé, parce que la faculté formatrice et l’objet à former sont identiques.

6° L’Alaya a une existence absolue, éternelle ; les traités qui ne lui accordent qu’une existence relative sont loin de la véritable doctrine.

7° Non seulement les Arhats, mais aussi les simples hommes, pourvu qu’ils soient entrés dans le chemin, peuvent atteindre à l’intelligence grossière des seize sorties des quatre vérités par « une méditation très évidente (appliquée) (tib. Naljor ngonsoum) ; mais ils sont faux les systèmes qui prétendent, comme le Hināyāna, que la connaissance (Vishnāna) née d’une telle méditation (qui n’est rien d’autre qu’une manifestation de l’Alaya) n’est pas exposée à l’erreur (sansc. Vikalpa, tib. Namtog). L’Arhat lui-même va en enfer s’il doute de quelque dogme. Ce reproche s’adresse aux écoles qui admettent les Arhats à Nirvāna sans aucune condition[1].

7° Les trois époques, le présent, le passé et l’avenir, sont composées et corrélatives entre elles. Le Bouddha a déclaré : « Une parole dure proférée dans le passé n’est pas perdue (littéralement détruite), mais revient de nouveau », c’est pourquoi le passé est le présent et aussi le futur, quoique pour le moment il ne soit pas arrivé à l’existence.

8° Les Bouddhas ont deux sortes de Nirvāna : Nirvāna avec restes et Nirvāna sans restes ; la dernière seulement est l’entière extinction de personnalité, ou l’état où cesse la notion du moi, où l’homme extérieur et intérieur est détruit. Dans cet état le Bouddha a pris le corps Dharmakāya, dans lequel il n’a ni commencement ni fin. Dans le Nirvāna avec restes il obtient seulement le corps Nirmānakāya, dans lequel, bien qu’inaccessible aux impressions extérieures, il n’a pas encore dépouillé les erreurs habituelles (l’influence des passions) dont il ne reste plus rien dans l’autre sorte de Nirvāna.

Les Prasangas admettent comme orthodoxes la plus grande partie des hymnes du Tandjour et des Soutras contenus dans le Kandjour ; dans celles-ci, disent-ils, est développé le véritable sens de la parole du Bouddha (c’est-à-dire la doctrine madhyamika). Il existe une grande quantité de ces livres dont les plus importants sont : les dix-sept livres de Prajnāpāramita, puis l’Ak-

  1. Les moyens d’écarter l’erreur ont été plus complètement développés par le mysticisme dans les exigences de Vipasyana et Samatha.