Page:Schlegel - Œuvres écrites en français, t. 1, éd. Böcking, 1846.djvu/269

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La première supposition, qui est la doctrine chrétienne, une fois admise, nous dispense de toute recherche ultérieure. Quand il s’agit de miracles, la critique historique est hors de propos. Toutefois elle pourrait s’exercer encore sur les récits de cet événement qui nous ont été transmis. Dans les quatre évangiles les variations et même les contradictions (car tel silence équivaut à une négation expresse) sont considérables. Cela ne saurait porter atteinte à la certitude du fait principal, sur lequel tous sont d’accord. Seulement nous serons peut-être forcés de modifier l’idée que nous nous étions formée de l’inspiration, et de convenir que ce privilège des auteurs sacrés ne leur communiquait pas la connaissance parfaite des faits dont ils n’avaient pas été témoins oculaires ou du moins contemporains ; que, par conséquent, ils durent se borner à consigner par écrit la version qui leur semblait être la plus fidèle. La diversité de leur jugement là-dessus donne même une idée favorable de leur bonne foi : on voit qu’ils ont écrit avec une entière spontanéité, sans se régler sur le mot d’ordre donné par le chef de la secte.

Aucun des disciples n’était présent au moment où le sépulcre fut ouvert par le renversement de la pierre qui en fermait l’entrée. Seulement quelques femmes dévouées au prophète étaient venues de grand matin visiter son tombeau. Dans les trois derniers évangiles, lors de leur arrivée la pierre était déjà enlevée, et elles purent se convaincre que son corps inanimé n’était plus dans le caveau. Elles virent ou crurent voir une apparition d’un ou de deux anges. Ces femmes étaient portées à l’exaltation ; leur attachement au prophète qu’elles avaient suivi dans sa mission, en quittant leurs familles, le prouve. Avec une