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Page:Schlick - Gesammelte Aufsätze (1926 - 1936), 1938.djvu/221

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le domaine des sciences sociales, ils suivent tous la même méthode dans leurs propres domaines.

L’historien qui découvre par qui César a été tué découvre que le nouveau qualificatif de « meurtrier de César » peut s’appliquer à Brutus (et à quelques autres) ; le linguiste qui suit l’étymologie d’un certain terme découvre qu’un certain autre mot peut être qualifié de « racine de ce terme » et ainsi de suite.

Partout où il y a un progrès réel des connaissances, il a toujours le même caractère : il consiste à donner une description de quelque chose en termes de quelque chose d’autre, c’est-à-dire une description qui est formée par une nouvelle combinaison d’anciens signes.

Il faut maintenant se rappeler ce que nous avons dit du langage et de l’expression : il incarne la possibilité de représenter et de communiquer un fait par une nouvelle combinaison d’anciens symboles. Nous en concluons donc que toute connaissance authentique est Expression. Il ne s’agit évidemment pas d’une simple coïncidence, ni d’un fait intéressant, mais de l’essence même de la connaissance scientifique et de la connaissance quotidienne.

C’est de la plus haute importance. Je crois pouvoir dire — et j’espère que vous en serez convaincus à la fin de cette conférence — que toute la misère de la métaphysique est due à l’incapacité de voir clairement ce point. La connaissance est Expression ; il n’y a donc pas de connaissance inexprimable. Vous ne pouvez pas nous dire : « Ah, j’ai découvert ce qu’est cette chose, mais il m’est impossible de dire ce qu’elle est ». La vraie connaissance est la reconnaissance, donc si vous nous dites que vous connaissez vraiment une chose, vous devez être capable de répondre à la question « Eh bien, en quoi l’avez-vous reconnue ? »

Avant de tirer d’autres conclusions de cette idée, nous devrions vérifier s’il existe une identité complète entre la connaissance et l’expression en posant la question suivante : si toute connaissance est une expression, est-il également vrai que toute expression est eo ipso une connaissance ? Pour répondre à cette question, il suffit de considérer les expressions dans notre langage verbal ordinaire, dans lequel tout le reste peut être traduit, c’est-à-dire que nous nous limitons aux propositions dans la forme habituelle. Toute proposition est-elle porteuse de connaissance ?

Il faut exclure d’emblée les simples propositions tautologiques qui ne disent rien et ne doivent peut-être pas être considérées comme des propositions ; nous aurons à en parler plus tard. Après avoir laissé