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Page:Schlick - Gesammelte Aufsätze (1926 - 1936), 1938.djvu/222

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les avoir laissés de côté, il reste ce que, dans la terminologie de Kant, on appellerait les jugements synthétiques, et il ne fait aucun doute que tous ces jugements transmettent une certaine forme de connaissance.

Lorsque j’écoute une proposition qui n’est pas tautologique, on me dit en fait quelque chose qui sera nouveau pour moi (à moins que je ne le sache auparavant), et la proposition m’évitera de le découvrir moi-même. (Nous supposons que la proposition est vraie ; si elle est fausse, elle n’exprimera pas une connaissance, mais une erreur). La simple phrase « l’anneau est posé sur le livre » communique certainement un certain type de connaissance, tout comme la proposition scientifique « l’atome d’hélium neutre contient deux électrons libres. »

Cependant, il existe manifestement une différence essentielle entre ces deux derniers cas. Le premier est une déclaration d’un seul fait qui ne simplifie pas notre image du monde, le second a le caractère d’une explication. Pour une raison particulière, il peut être de la plus haute importance de savoir que la bague était posée sur le livre, et il s’agit certainement d’une connaissance, car elle présuppose au moins trois actes de reconnaissance : 1) d’un objet en tant que bague ; 2) d’un autre objet en tant que livre ; et 3) de la relation spatiale entre les deux en tant que le premier objet est posé sur le second. Pourtant, nous avons l’impression que cette connaissance reste, pour ainsi dire, au niveau le plus bas possible, alors que l’affirmation concernant l’atome d’hélium appartient à une région très élevée de la pensée.

La seconde affirmation est d’un niveau d’« intérêt » très supérieur à la première. Vous penserez immédiatement que cela est dû aux différents niveaux de généralité : la proposition sur l’anneau traite d’un petit fait insignifiant, celle sur l’hélium s’applique à tous les innombrables atomes d’hélium dans le monde. Il y a une part de vérité dans cette affirmation, mais ce n’est pas tout. Tout d’abord, il est possible que des faits uniques, qui ne se répètent jamais, aient une grande importance — dans ce cas, on parle de « faits historiques ». Mais dans le cas de l’histoire de l’humanité, on verra que l’intérêt n’est pas scientifique, mais humain (il fait appel au sentiment plutôt qu’à l’intellect). D’autre part, la connaissance d’un seul objet ou d’un seul événement peut parfois être considérée comme un grand progrès de la science, comme la découverte d’une étoile ou l’explication d’une éruption volcanique en géologie. La différence de généralité ne suffit donc pas à expliquer la distinction entre la connaissance en tant que connaissance d’un fait et la connaissance en tant qu’explication