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Page:Schlick - Gesammelte Aufsätze (1926 - 1936), 1938.djvu/227

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elles. Mais dans un tel cas, il est évident que ce que nous recherchons n’est pas du tout la connaissance (bien que nous décrivions le résultat de notre expérience par les mots « Maintenant, je connais enfin les pyramides » ) mais le plaisir. Nous recherchons un certain frisson qui est tout à fait différent d’une véritable connaissance explicative. La véritable connaissance des pyramides consiste en des propositions sur leur nature et leur histoire, et pour les obtenir (ce qui nous donnerait également un frisson, mais d’une autre nature), nous n’avons pas besoin de voir les pyramides du tout, nous pouvons lire à leur sujet, ou, si nous voulons découvrir des faits à leur sujet qui ne sont décrits dans aucun livre, nous pouvons envoyer une autre personne en Égypte et lui demander de faire les observations nécessaires et de nous les communiquer. Mais le plaisir que nous éprouvons en regardant les pyramides ne peut pas être communiqué et il n’y a pas de substitut à ce plaisir. Et il reste vrai qu’elle n’est ni le degré le plus élevé de la connaissance, ni même son degré le plus bas, mais simplement la donnée indescriptible qui précède tout le reste.

(Si l’intuition était la connaissance la plus parfaite, nous n’aurions pas besoin — et d’ailleurs il ne pourrait pas y avoir — de science de la psychologie, du moins si l’objet de la psychologie est supposé être la connaissance des « données ou processus de la conscience ». En effet, quelle que soit la signification de cette expression, elle est certainement destinée à représenter tout ce avec quoi nous avons la connaissance la plus intime : les données immédiates de la conscience, qui, selon Bergson, sont les seules choses qui nous sont données par l’intuition. Si ces choses sont ce qui est le mieux et le plus complètement « connu », à quoi servirait la psychologie ? La connaissance psychologique intuitive serait l’idéal de toute connaissance, son développement scientifique et sa systématisation seraient impossibles et entièrement superflus, le « connais-toi toi-même » de Socrate serait un conseil ridicule puisqu’il serait impossible de ne pas se connaître complètement. En réalité, il existe une science de la psychologie, très nécessaire si nous voulons vraiment connaître le fonctionnement de la « conscience », mais c’est aussi l’une des sciences les plus imparfaites, car il semble très difficile de se connaître soi-même et de connaître les lois de la conscience. Elle semble exiger les méthodes scientifiques de l’expérimentation, de l’observation et de la comparaison, alors que la simple intuition, si elle fait quelque chose, ne fait que fournir les données à connaître, mais pas leur connaissance.

La raison principale pour laquelle on a cru si généralement que toute connaissance réelle devait en quelque sorte culminer dans l’accointance immédiate ou l’intuition réside dans le fait qu’elles semblent indiquer le point où l’on doit chercher